1. Les feuilles mortes


    Datte: 15/02/2020, Catégories: fh, médical, forêt, amour, pénétratio, mélo, Auteur: Radagast, Source: Revebebe

    ... jours heureux où nous étions amis…C’est une chanson qui nous ressembleToi, tu m’aimais et je t’aimaisEt nous vivions tous deux ensembleToi qui m’aimais, et moi qui t’aimais.Mais la vie sépare ceux qui s’aimentTout doucement, sans faire de bruitEt la mer efface sur le sable les pas des amants désunis.
    
    Pourquoi ? Étais-je amoureux de cette belle endormie ? Amour impossible. Mon cœur transi tremblait pour cette petite chose fragile. Et que surtout mon travail allait me prendre une bonne partie du temps que je lui consacrais, à elle.
    
    Aussi avais je préparé mon coup. En plus de Prévert, je m’étais adjoint les services d’un autre génie, Serge Gainsbourg. J’avais gravé sur CD les orchestrations des œuvres de l’homme aux oreilles en feuille de chou.
    
    Je mis en route mon lecteur de CD. Dans la chambre retentirent les premières notes deLa chanson de Prévert, de Serge Gainsbourg. Les yeux fermés ; je connais tellement cette œuvre que je peux la réciter de mémoire. J’évite de chanter, la météo est déjà assez mauvaise !
    
    Je tenais la petite main dans la mienne, je disais cette chanson accompagné de la musique.
    
    Oh je voudrais tant que tu te souviennesCette chanson était la tienneC’était ta préféréeJe croisQu’elle est de Prévert et Kosma…
    
    Je m’attendais à me faire engueuler. De la musique en ces lieux, j’allais me faire jeter, malgré la bienveillance des infirmières.
    
    À la porte, des malades, les infirmières, dont Évelyne.
    
    Au lieu de l’engueulade prévue, je ne vis que ...
    ... des visages figés dans l’étonnement. Et un silence presque religieux. Évelyne partit en trombe. Je me retournai et je reçus le choc de ma vie : deux immenses yeux verts me fixaient intensément.
    
    Michelle arriva en courant. « Je savais que tu pouvais faire des miracles ! » fut son seul commentaire.
    
    Elle se mit à ausculter la malade, écoutant, tâtant, marmonnant. Elle essaya d’attirer le regard de la jeune femme, en vain. Isabelle ne regardait que moi. Et elle ne voulut pas non plus me lâcher la main. À la surprise générale, dont la mienne, elle avait agrippé un de mes gros doigts sans que je ne m’en rende compte. Il fut compliqué de la faire lâcher.
    
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    Je revins les autres jours, continuant mes lectures poétiques. La jeune femme restait éveillée de plus en plus longtemps, semblant attendre ma venue avec impatience ; mais elle ne bougeait et ne parlait toujours pas : elle se contentait de me regarder. Et de me tenir la main.
    
    Ce n’était pas un regard inerte, vague. Les yeux étaient vifs, pleins de vie et d’espoir.
    
    Je dus malheureusement partir en stage, deux semaines durant.
    
    Le samedi suivant, j’arrivai frais et heureux à l’hôpital. Michelle et Évelyne m’attendaient.
    
    — Nous avons dû transférer Isabelle dans un autre centre hospitalier. Elle doit suivre une rééducation spécifique que nous ne pouvons lui fournir ici, musculaire, mais aussi cérébrale. Nous n’avons pu te joindre, nous sommes désolées.
    
    Les Gaulois parlaient du ciel ...
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