1. Les feuilles mortes


    Datte: 15/02/2020, Catégories: fh, médical, forêt, amour, pénétratio, mélo, Auteur: Radagast, Source: Revebebe

    Ton cœur est un grain de maïs soufflé. Il suffit de le réchauffer et d’y ajouter un peu d’huile de bonne volonté pour qu’il fleurisse en pétales de peau. Sucrés ou salés selon l’humour du moment. Tu le fais sauter entre mes doigts presque toutes les nuits. Je ne sais pas comment tu fais pour que ce soit à chaque fois aussi bon.
    
    Je refermai lentement le livre de Mathias Malzieux,Le plus petit baiser jamais recensé, et regardai la jeune femme allongée, inerte sur le lit.
    
    Son visage toujours aussi pâle et cireux. Ses yeux toujours clos, elle ne réagissait toujours pas.
    
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    Cela faisait quatre ans que je donnais ma voix. Je faisais partie d’une association de lecteurs pour hôpitaux, maisons de retraite ou de rééducation. Certaines personnes hospitalisées, trop faibles pour lire, trop fatiguées ou ayant tout simplement des problèmes de vue faisaient appel à nos services.
    
    Notre association,Les donneurs de voix, regroupait une dizaine de volontaires qui, chaque semaine, venaient passer un peu de temps et lire un livre à une personne en hospitalisation de longue durée. Toutes les bonnes volontés étaient acceptées, mais lorsque je fis un essai, je ne lus que dix lignes. Je fus accepté de suite : j’avais la voix grave, douce, bien timbrée, et une parfaite diction selon mon comité d’embauche.
    
    La directrice de l’association m’a même certifié en avoir eu des frissons.
    
    Nous amenions aussi des livres, pour ceux qui, moins abîmés par la ...
    ... maladie, pouvaient se débrouiller par eux-mêmes.
    
    Certains étaient vraiment seuls et ne recevaient aucune visite, ni famille, ni amis. Il nous arrivait même de lire le journal local ou des revues. Nous faisions la lecture à toute personne qui en faisait la demande, de 1 à 110 ans. Nous côtoyions la maladie, la détresse, et tentions d’apporter un peu de réconfort et, le temps d’un livre, à leur faire oublier leur malheur.
    
    Certains étaient même devenus des amis. Nous attirant les foudres des médecins, il ne fallait pas trop s’impliquer, nous répétaient-ils.
    
    — J’attends votre visite avec impatience, chaque semaine, m’a même confié une vieille dame. Vous êtes ma part de rêve.
    
    Parmi ma clientèle se trouvaient deux mamies octogénaires, un enfant de dix ans et un homme dans la cinquantaine. Tous étaient là pour des raisons graves et des soins lourds.
    
    La maladie est chose triste, dure. Mais voir un enfant souffrir me réduisait à l’état de légume. Après chacune de mes visites à Gaétan, le petit garçon, je me sentais liquéfié. Un enfant ne devrait pas être malade, surtout de cette façon. Pourtant il gardait toujours le sourire. Pour lui, aucune hésitation : sa guérison ne faisait aucun doute.
    
    Il était entouré de ses parents, mais je venais les aider un peu, dans la mesure de mes moyens. Je le faisais s’évader un peu, lui faisant oublier ses problèmes.
    
    Le plus terrible, c’est lorsque vous appreniez que l’un de vos auditeur venait de disparaître ; j’avais beau avoir ...
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