1. L'enfant maudit


    Datte: 14/02/2020, Catégories: nonéro, mélo, Auteur: Vivien, Source: Revebebe

    ... vint, les allées et venues cessèrent, l’éclairage de la pièce fut éteint, l’enfant décida de quitter sa cachette. Comme il était souple, cela lui fut aisé. Une fois par terre, il hésita : s’il regagnait sa cellule, le monstre l’y attendait. S’il restait ici, il mourait de faim et de soif. Que faire ? Soudainement, une lumière troua l’obscurité de la salle. L’enfant eut une commotion d’animal pris au traquet. Il fit volte-face et aperçut quelqu’un qui avançait vers lui. Il ne le distinguait pas entièrement, mais son approche l’emplissait d’une telle panique qu’instinctivement il arma ses ongles, acérés comme des couteaux. Presque immédiatement, la panique s’effaça comme un souffle dans l’azur, un baume d’une douceur inconcevable coula dans sa poitrine. L’être était arrivé à sa hauteur et, à genoux, lui tendait les bras. L’enfant reconnut celui qui naguère l’avait visité à plusieurs reprises. Une vague d’un inexprimable bonheur le submergea. Les bras l’attiraient à lui, il s’y fondit avec délices ; il avait l’impression qu’on inoculait dans ses veines un élixir qui pénétrait la moindre de ses fibres. En même temps, il entendit ces paroles qu’il ne comprit pas :
    
    – Mon petit frère…
    
    Le visage qui baisait le sien était beau. Il avait des yeux de la même couleur que l’herbe, une bouche rose qui souriait, des mains blanches aux beaux ongles coupés court, et surtout un regard rempli d’un tel amour qu’on eût dit un flambeau céleste. L’être l’emporta dans ses bras. L’enfant se ...
    ... laissa faire. Il sentit bientôt qu’on le déposait sur quelque chose de souple et de moelleux. L’être s’assit près de lui, noua ses doigts aux siens, et alors de ses lèvres s’échappèrent de merveilleux sons mélodieux et flûtés. L’enfant se laissa bercer, ses paupières papillotèrent, il s’endormit.
    
    Quand il s’éveilla, l’être était à ses côtés et sommeillait encore. L’enfant approcha son visage de sa joue et, le cœur battant, y déposa un baiser. Il fit cela pour la première fois de sa vie, comme guidé par un irrésistible attrait. L’être ouvrit les yeux, un immense sourire illumina son visage, il posa son front sur sa poitrine et lui parla. L’enfant n’entendait rien à ce qu’on lui disait, mais il devinait confusément qu’il ne vivrait plus reclus dans une geôle, que son calvaire prenait fin aujourd’hui, qu’il avait un compagnon désormais, et que ce compagnon serait toujours à ses côtés.
    
    L’être s’était redressé en levant son index comme quelqu’un qui vient d’avoir une idée et qui va la mettre à exécution. Il sauta à bas du lit et en fit le tour. En face, se trouvait un grand meuble rectangulaire posé sur quatre pieds massifs de couleur brune. Au centre de ce meuble, un autre objet également rectangulaire, inscrit dans le premier, et qui ressemblait à celui par lequel était apparu le monstre. L’être passa devant, son image s’y dupliqua. L’enfant eut d’abord un geste d’effroi ; cela ne dura pas : c’est que l’image inversée de l’être lui singeait des petits signes joyeux d’une ...
«12...4567»