Joueras-tu avec moi ?
Datte: 11/02/2020,
Catégories:
fh,
couple,
amour,
cérébral,
jeu,
sm,
Auteur: Lise-Elise, Source: Revebebe
... faire.
Je m’assieds devant le secrétaire d’Eléonore, prends un stylo, le bloc de papier à lettre. Les mots coulent, facilement.
Je plie le feuillet sans me relire, le glisse sous le set de table d’Eléonore. Elle trouvera ce billet en débarrassant, après le petit-déjeuner.
Je ne m’étonne pas de son silence. Je ne peux pourtant m’empêcher de chercher. Corinne ne tient plus en place. En rentrant ce soir je l’ai trouvée à califourchon sur la balançoire, testant son habilité de cavalière sur un poney assez peu conforme à la réalité.
— Tu vois comme j’y arrive ? Tu crois que Justine me laissera monter ?
J’aimerais répondre par l’affirmative, mais je connais peu les parents de Justine. De plus, le temps de ces vacances de Toussaint est tout à fait de saison, et il n’est pas certain que les filles puissent profiter de la pâture. Corinne continue sans se démonter :
— Je vais prendre mon déguisement de princesse. Justine, elle, elle a eu une vraie baguette magique pour son anniversaire.
Qu’est-ce qu’une vraie baguette magique dans la tête d’une enfant de six ans ? Je n’ai pas le loisir de m’interroger.
— Maman elle a dit que tu jouerais au Uno avec moi avant de manger, viens !
Elle tire sur ma main de tout son poids, ce qui serait sans effet si je ne me laissais pas faire. Je tente de négocier pour un jeu un peu plus calme, ou du moins, plus simple. Corinne reste intraitable et me voilà au prise avec cet infernal jeu de cartes, qui n’a pas vraiment été ...
... conçu pour y jouer à deux. La partie est interminable. Corinne mène de peu, et s’en réjouit. Si elle aime tant ce jeu c’est aussi parce que c’est un des seuls auquel elle me bat.
Eléonore me sauve en appelant à table. Du moins temporairement : bien soigneusement posées sur la table, les cartes attendront que nous ayons fini de dîner. Le rituel, se laver les mains, faire le signe de croix avant de s’asseoir, déplier la serviette, apaise quelque peu ma petite joueuse préférée. Le gratin de choux-fleurs est posé sur la table. Je savoure le calme le temps qu’il dure.
La partie reprend dès le dessert avalé. Corinne maintient son avantage. Elle m’en voudrait de me rendre trop facilement. Je cède pourtant peu à peu du terrain, et une carte défavorable signe, enfin, ma défaite. J’envoie ma petite douce enfiler son pyjama, et profite des quelques minutes octroyées pour serrer Eléonore dans mes bras. Je n’ai pas de nouveau message. Et je m’inquiète de ce que j’ai écrit : elle pourrait me suivre. Elle pourrait, aussi, arrêter. Je ne sais ce que je crains le plus.
En évidence, derrière le volant de la voiture. Une fois encore, je me demande comment elle a fait. Il ne semble pourtant pas qu’elle ait quitté la maison hier soir. Pendant que je racontais une histoire à notre fille ? Je n’ai pourtant pas entendu la porte claquer.
Je glisse le message, encore plié, dans ma poche de chemise. Je sens l’épaisseur du papier à travers l’étoffe, et, en enclenchant la première, je me demande ...