Joueras-tu avec moi ?
Datte: 11/02/2020,
Catégories:
fh,
couple,
amour,
cérébral,
jeu,
sm,
Auteur: Lise-Elise, Source: Revebebe
Résumé de l’épisode précédent : dans une série de messages, Eléonore entraîne son mari dans un jeu d’écriture, où elle se décrit liée et offerte, pendant que leur vie reste presque ordinaire. Il n’est pas indispensable d’avoir lu le premier épisode pour découvrir cette suite.
Je me frotte les yeux, abasourdi. Sous les oranges, j’entrevois un morceau de papier plié, ce papier un peu épais qui a servi le printemps dernier à Eléonore pour éveiller des désirs que je ne connaissais pas. Corinne s’agite sur sa chaise, impatiente de presser le fruit juteux sur le verre dur du presse-agrume. Je saisis le couteau et tranche, laissant ma petite fille se démener sur les demi-sphères. J’ose à peine me saisir du billet. Mon cœur bat la chamade. Six mois ont passé depuis ces semaines folles.
Je revois Eléonore, vêtue seulement de ses bas, le corps penché sous la pression des liens. J’entends le bruit cinglant de la cravache, ses hoquets de douleur. Je sens le goût de son sexe, le goût de ses larmes.
Tout cela, je l’ai imaginé.
— Papa, viens finir !
Corinne me tire de mon abasourdissement. Je termine, comme tous les samedis matin, de presser le jus d’orange que je verse ensuite dans deux grands verres, en me penchant pour que le niveau soit exactement égal.
— Je prends celui-là ! Corinne jubile.
— Tu es sûre ?
— Oui !
Je souris. Depuis le début de l’année ma fille joue à prendre le verre le plus plein. Et moi, je veille à ce que chaque samedi elle se demande si elle ...
... a fait le bon choix. J’attends qu’elle ait bu une gorgée pour lui dire :
— À mon avis tu t’es trompée.
Elle me regarde, la tête penchée.
— N’importe quoi !
— Si, regarde : j’en ai plus que toi.
— Mais c’est parce que j’ai bu !
Je lui beurre ses tartines pendant qu’elle finit son verre. Un yaourt remplace le bol de chocolat. Je la presse pour qu’elle s’habille, et me détourne, dépliant rapidement le billet :
La même écriture, les pleins et les déliés si sages d’Eléonore, et cette promesse…
Corinne hurle :
— Papa ! Où sont mes chaussettes ?
J’accours, déchiré entre l’affection que je porte à ma fille et ce monde de fantasmes que ma femme m’entrouvre à nouveau.
Avant de refermer la porte, je griffonne, avec le marqueur, un grand « oui » sur le tableau blanc qui sert d’habitude à noter des bribes de liste de course.
J’ai déposé Corinne à l’école et j’erre comme une âme en peine. Je devrais, normalement, aller jusqu’au magasin d’électroménager afin d’étudier les prix des systèmes d’enceintes. Depuis plusieurs mois je réfléchis à cet investissement. J’ai lu plusieurs comparatifs dans la presse spécialisée, je me suis renseigné sur les marques. Mais cette installation qui m’a occupé de nombreuses heures m’échappe aujourd’hui complètement. Je pense aux seins d’Eléonore, souples et tièdes sous mes paumes, à la toison fauve, écrin d’un fruit que je ne me lasse plus de goûter, à ses cuisses pâles, veinées de lignes bleues si diaphanes que seule la lumière ...