1. Joueras-tu avec moi ?


    Datte: 11/02/2020, Catégories: fh, couple, amour, cérébral, jeu, sm, Auteur: Lise-Elise, Source: Revebebe

    ... crue de la salle de bain les dévoile. Je pense à son ventre moelleux, le nombril comme une olive en creux, je peste entre mes dents : j’ai raté l’entrée du centre commercial. Je me concentre pour reprendre l’itinéraire.
    
    Le vent me caresse et je l’imagine. M’entraînera-t-elle dans les bois ?Nous serons seuls. Que veut-elle faire ? Quel jeu ?
    
    Je repense fugacement à mes soirées d’étudiant, aux parties de strip-poker lamentables où nous, les garçons, perdions inévitablement dès l’apparition d’un soutien-gorge. Je ne connaissais pas Eléonore à l’époque. L’imaginer occupée à ce jeu trivial me rebute. Elle est au-dessus de ça.
    
    Elle doit, maintenant, avoir lu ma réponse. Même en supposant qu’elle ait bavardé avec Marie-Noëlle, elle ne s’est sans doute pas trop attardée. Ma femme avait prévu de faire le marché. Elle aura, machinalement, jeté un œil au tableau.
    
    Est-ce que ce simple « oui » la bouleverse autant que moi ?
    
    Je déambule dans les allées du magasin sans réussir à me concentrer. Je sais pourtant quels modèles je souhaite voir. Je sors mon carnet, griffonne :
    
    Je m’étire. Je peux, enfin, me concentrer sur les prix que je suis venu chercher.
    
    Corinne sautille, gambade, babille, et ne tient pas en place. Elle est en vacances depuis dix minutes et m’épuise déjà.
    
    — Tu sais que Justine a un poney ?
    — Ah oui ?
    
    Elle n’a dû me le dire que dix fois par jour depuis que sa camarade de classe a parlé de l’inviter.
    
    — Tu crois que je pourrais monter dessus ?
    — ...
    ... Je ne sais pas, mon ange.
    — Tu crois que je pourrais amener Boubou ?
    
    Angoisse dans la voix de ma fille. Bouffée de tendresse soudaine. Elle n’est pas si grande, ma toute petite…
    
    — Bien sûr !
    
    Nous arrivons à la maison. Elle court, rejoint sa mère. Que lui raconte-t-elle ? Je ne sais pas. Je déchire, rapidement, la page de mon carnet. Eléonore épluche les choux de Bruxelles, sanglée dans un grand tablier. Je me penche, l’embrasse dans le cou. Respire son odeur, déjà perceptible sous le parfum. Je ferme les yeux. Avant de mettre la table, j’ai glissé le papier, plié, dans sa poche.
    
    La balle est dans son camp.
    
    Quand va-t-elle me répondre ?
    
    La vaisselle est faite, la cuisine rangée. Corinne se repose calmement dans sa chambre. Je repense au temps où elle faisait des siestes, et où nous, ses parents, ne pensions pas encore à l’imiter. Aujourd’hui je le voudrais. M’étendre contre le corps tiède d’Eléonore, m’insinuer entre les chairs douces, la serrer contre moi, jouir d’être près d’elle, au plus près, sans même rechercher d’autres plaisirs.
    
    Mais la femme de mes pensées est assise devant un feuilleton télé, son matériel de couture à portée de main, et marque scrupuleusement les vêtements – trois fois trop - que Corinne emportera pour les deux nuits passées chez son amie.
    
    J’avais parlé de tailler les rosiers. Tout, plutôt que cette impuissance.
    
    Le papier, plié, était dans la poche de ma parka. La grise. Celle que je mets pour faire le jardin, ou pour aller ...
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