Chagrin
Datte: 03/02/2020,
Catégories:
amour,
jalousie,
cérébral,
nopéné,
nonéro,
mélo,
couple,
Auteur: Passerose, Source: Revebebe
... chez ses parents, dans une rue perpendiculaire à la rue des miens, à très petite distance. Ils avaient racheté depuis quelques années seulement la maison d’un de mes camarades d’enfance.
Les week-ends il m’avait été possible de la voir passer devant notre maison. Ma jeune sœur de treize ans la fréquentait à l’occasion. Au moment où, avec mes premiers salaires, je me constituais une garde-robe un peu plus étoffée, c’est elle qui m’avait servi dans le magasin de confection : elle y faisait son apprentissage de vendeuse. Peut-être suis-je retourné dans cette boutique plus souvent que nécessaire pour voler au passage un sourire. Depuis peu je ne l’y avais plus revue.
La danse finit et nous sommes retournés à notre place, elle avec ses amies et moi avec mes collègues. Lorsque fut annoncé un tango au choix des dames (cela se pratiquait fréquemment à l’époque), vu que je connaissais peu de monde dans cette ville, je m’attendais à rester assis. Surprise : Marie la timide, se tenait devant moi, me tendait la main et m’invitait à danser. Nous avons ensuite enchaîné les danses.
Depuis la nuit précédente, j’avais gagné de l’assurance et menais avec joie ma partenaire. J’appris qu’elle avait suivi ses copines sans en parler à ses parents, qu’elles étaient venues par le train et qu’elles devraient quitter le bal dès six heures trente pour prendre le chemin du retour. Je sus aussi qu’elle travaillait dans un autre magasin comme vendeuse en alimentation. Dans ses yeux je lisais ...
... presque à livre ouvert le plaisir éprouvé en ma compagnie. Je me sentais si bien la tenant dans mes bras, j’aimais les mouvements de son jeune corps souple et surtout il y avait le lac brillant de ses yeux marron. Je sus aussi qu’elle n’avait pas de petit ami. Je plaisantais sur ses rendez-vous au coin de notre rue. Je l’avais aperçue l’une ou l’autre fois en compagnie galante, échangeant, comme tous les adolescents, quelques baisers pudiques, baisers de l’apprentissage amoureux, en surveillant du coin de l’œil la maison où sa mère l’attendait. Mais je n’en parlai pas davantage ; il me suffisait de savoir que la voie était libre. J’avais le sentiment que ma quête de l’âme sœur était en bonne voie. Quand vint l’heure de la séparation, je la raccompagnai jusqu’à la gare toute proche, marchant avec elle derrière le groupe hilare de ses amies.
Au fil du temps nous nous sommes revus. En premier, c’est ma sœur Émilie qui a servi d’intermédiaire pour un rendez-vous. Personne n’en sut rien, ma sœur, toute fière de partager mon secret désir de revoir Marie sut garder pour elle mes confidences. Chaque week-end désormais nous nous retrouvions le samedi soir au bal : c’était le bon temps, les salles de bal foisonnaient, le public s’y pressait. Le dimanche après-midi nous allions au cinéma. Nous faisions plus ample connaissance. Mon oncle nous surprit ensemble et s’empressa d’annoncer la nouvelle à mes parents alors que nous venions juste de décider de nous fréquenter plus souvent. Puis ...