1. Chagrin


    Datte: 03/02/2020, Catégories: amour, jalousie, cérébral, nopéné, nonéro, mélo, couple, Auteur: Passerose, Source: Revebebe

    ... déplaire involontairement, mais je ne voyais pas comment j’aurais pu y parvenir en si peu de temps. J’oubliai et repris la conversation.
    
    Quand plus tard j’arrivai dans notre cuisine-séjour, Daniel babillait encore sur les genoux de sa mère, à mon vif étonnement. Elle m’expliqua qu’il refusait de s’endormir avant mon retour. Je le portai un peu, puis je le couchai dans son petit lit qui occupait le fond de notre chambre à coucher. Il me sourit, sourit aux anges, ferma ses petits yeux pendant que je chantonnais une berceuse que ma mère m’avait chantée vingt-cinq ans plus tôt. Enfin je retournai à la cuisine. Contrairement à l’habitude la radio ne diffusait pas de musique. Tout était parfaitement rangé en dehors de deux verres à liqueur qui séchaient sur le bord de l’évier et que je remarquai immédiatement tant leur présence était inhabituelle. Je gardai pour moi une question : Qui avait bu ici ? Marie était assise à table, l’air rêveur.
    
    — À quoi penses-tu ? dis-je en m’approchant d’elle.
    
    Je lui tendis les bras, elle se leva, m’accorda un sourire mais je ne trouvais pas dans son regard la petite flamme que j’y avais toujours lue. J’insistai :
    
    — Ça ne va pas, tu as des soucis ? Tu sembles fatiguée.
    — Tu sais, Jean, parfois Daniel veut être porté à bras et évidemment c’est fatigant.
    
    Ce fut sa seule réponse. Jamais auparavant elle n’avait laissé entendre que la garde du bébé était source de fatigue. En y réfléchissant, je me demandai si cette apparente lassitude ...
    ... n’avait pas une autre cause. Sans doute avait-elle besoin de réconfort ; je la pris dans mes bras, la serrai contre moi, ma bouche cherchait ses lèvres, n’atteignit que sa joue. Comme je faisais vingt centimètres de plus qu’elle, elle leva les paupières. Dans ses yeux, une sorte de voile de tristesse, une expression indéfinissable m’avertit qu’elle n’était pas dans son état normal. Elle était ennuyée, mais par qui ou par quoi ?
    
    Pour ne pas aggraver son malaise je m’emparai de sa bouche et voulus l’embrasser avec gourmandise, pensant que cela pouvait constituer un excellent remède. Certes elle répondit à mon baiser, mais là encore je fus étonné de sa participation plus tiède que de coutume, bouche obstinément close. La passion s’envolait-elle ? Jusqu’à ce jour, Marie, si douce, m’enchantait par ses élans de tendresse. Que se passait-il pour que son baiser restât aussi conventionnel ? Vraiment j’avais dû commettre une bévue : oui, mais où, quand, comment ?
    
    Durant le repas du soir, je fis des efforts, lui racontai ma journée au bureau puis enchaînai avec quelques blagues. Finalement je réussis à la dérider et je m’en réjouis. Je m’enhardis alors à lui demander si elle avait un reproche à m’adresser, si je lui avais déplu.
    
    — Pourquoi me poses-tu cette question ? Non je n’ai aucun grief contre toi.
    — Je te sens songeuse et attristée, j’espère ne pas t’avoir blessée.
    — Mais non, mon chéri, il n’y rien de tout cela en dehors de la fatigue dont je t’ai parlé et d’un mal de ...
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