Chagrin
Datte: 03/02/2020,
Catégories:
amour,
jalousie,
cérébral,
nopéné,
nonéro,
mélo,
couple,
Auteur: Passerose, Source: Revebebe
... plus elle prenait corps. Cet inconnu s’interposait-il entre Marie et moi ? Je me tournai vers Marie. Je posai doucement ma main à plat sur son front pour constater si elle avait de la fièvre. Dans un soupir, elle murmura « Je t’aime ». À qui s‘adressait cette déclaration d’amour en plein sommeil ? M’aimait-elle toujours, ou rêvait-elle d‘un autre, de cet individu que je rencontrais pour la première fois par exemple ? Apparemment tous les autres membres de la famille le connaissaient et avaient dû penser que c’était aussi mon cas, puisque personne n’avait eu le réflexe de nous présenter. Puis je glissai dans ce sommeil tant attendu et trop retardé.
Le réveil matin sonnait avec rage, Daniel se mit à pleurer, Marie me secoua :
— Alors debout, Jean chéri, il est l’heure.
Mes paupières s’ouvrirent lentement au moment où je recevais mon premier baiser passionné de la journée. Quel bonheur ! Je goûtai ce bonjour plein de chaleur. Les yeux rieurs de ma femme annonçaient qu’elle avait retrouvé sa bonne humeur matinale, tous les nuages avaient été balayés, Marie était sereine. Ses lèvres me quittèrent, elle se leva, toujours aussi attrayante dans sa chemise de nuit aérienne et s’empara du bébé pour le calmer. Je n’avais pas eu mon compte de repos et pendant que je me redressais, je ressentis dans ma tête une certaine lourdeur, un peu comme si nous avions échangé au cours de la nuit ce malencontreux mal de tête. Je souris à cette idée de transmission entre nous deux, comme si ...
... nous ne faisions qu‘un, un tout. À mon tour de prendre un calmant. Mon érection matinale cependant, après une nuit « sans » ne laissait planer aucun soupçon sur ma forme physique. Popol, tel était son surnom entre elle et moi, dressait hardiment ses quinze centimètres, comme aux plus beaux jours. Je me précipitai vers la salle de bain pour procéder à ma toilette.
Je revins m’habiller et me rendis à la cuisine : sur la table mon petit déjeuner était servi, Marie souriante et heureuse donnait le biberon que Daniel tétait goulûment comme il avait tété les seins de sa maman pendant plus de six mois. C’était un spectacle charmant qui alimenterait quelques instants de ma journée de travail. Une image heureuse d’un bonheur simple et quotidien capable de chasser les éventuels tracas… Et comme je jouissais de la mine joyeuse de Marie et de la gourmandise de notre trésor, soudain je m’entendis demander, sur un ton désinvolte, comme si la réponse attendue n’avait aucune importance :
— À propos (quel propos ?), qui était ce gars qui vous quittait hier à l’heure de mon retour ?
Sans la moindre hésitation, comme si elle attendait la question, sa réponse jaillit :
— C’est un copain de mon père, une vieille connaissance qui travaille avec lui à l’usine.
Certes, mais il ne faisait pas partie de l’équipe de maçons que Joe m’avait présentée : Paul, Louis, André et le manœuvre Diego. Je le remarquai à voix haute et aussitôt elle compléta le renseignement :
— Il vient du village ...