Chagrin
Datte: 03/02/2020,
Catégories:
amour,
jalousie,
cérébral,
nopéné,
nonéro,
mélo,
couple,
Auteur: Passerose, Source: Revebebe
... kilomètres qui séparaient mon domicile de mon lieu de travail. En approchant point n’était besoin de klaxonner pour avertir de mon retour, le bruit caractéristique du moteur était reconnaissable. Souvent Marie était à la fenêtre sur rue de l’étage et m’accueillait avec son sourire magnifique. C’était un merveilleux moment de ma journée.
Dans la moiteur de la nuit, tournant et retournant dans les draps, je repensais à mon retour de ce soir. Je revoyais cet inconnu sur le départ alors que j’embrassais mon fils et soudain je me souvins que Marie avait omis de me donner ce doux baiser d’accueil qui saluait tous mes retours. Étrange, aussi étrange que son comportement pendant toute la première partie de la soirée. M’avait-elle un instant oublié à cause du mouvement créé par le partant ? Il avait serré la main de chacun en disant « au revoir ». Peut-être ne m’avait-elle pas embrassé devant l’étranger pour n’avoir à le saluer que d’une poignée de main ? Mais, quand même, elle pouvait embrasser « son mari chéri » sans avoir à faire de même avec cette connaissance. Était-ce un subit accès de pudeur en sa présence ? Ou bien plus prosaïquement, était-ce un effet de son mal de tête. Et encore, ce n’était pas ses premiers maux de tête, mais jamais elle n’avait failli à la coutume. Mal de tête ou pas, j’avais toujours eu droit à cette marque d’affection au retour du travail.
Comprenez-vous ce qui me tourmentait, m’empêchait de trouver le sommeil ? Il était possible que la chose ne ...
... fût pas aussi importante. Je me faisais sans doute des idées, il n’y avait vraiment pas de quoi fouetter un chat ! Et pourtant, d’un rien je faisais une montagne. Je nageais dans un sentiment vague mais pénible d’incertitude. Simple distraction ? Erreur de ma part : Je n’avais oublié aucun anniversaire, aucune fête, j’avais offert hier encore un bouquet de fleurs uniquement pour faire plaisir à ma chérie. Elle m’avait remercié divinement et nos étreintes ardentes nous avaient laissés couverts de sueur dans la touffeur de la nuit d’été. Je revoyais les derniers jours, tout semblait presque parfaitement se dérouler. Alors… il faudrait consulter le médecin de famille pour vérifier l’état de santé de Marie. À côté de moi, son souffle régulier répondait à la respiration légère de Daniel. Épisode passager dû à la fatigue. Ou bien craignait-elle que notre engagement dans l’accession à la propriété fût prématuré. Si c’était le cas, pourquoi ne pas en discuter ?
À minuit, j’étais éveillé. Ne pas savoir, ne pas connaître la cause, ressasser « pourquoi ? » à l’infini et ne pas trouver de réponse. J’étais fatigué mais du fond de mon inconscient peu à peu montait une question que je tentais de refouler, qui me paraissait incongrue, stupide, peu honorable pour moi et pour Marie. Le malaise avait-il été provoqué par ce visiteur ? Je chassais cette supposition, je ne sais pourquoi je trouvais l’idée désagréable, irritante. Et plus je voulais l’oublier, plus elle s’insinuait dans mon esprit, ...