55.5 Après le déluge (partie 2, Gruissan – Toulouse)
Datte: 27/01/2020,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... de plus, elle a d’autres chats à fouetter que de s’occuper des comportements ridicules de son cousin : elle est très occupée à être heureuse.
Tellement occupée que je ressens de plus en plus fortement le besoin de faire équipe à part.
Je vais à la plage seul, avant qu’ils ne soient levés ; je me balade seul, alors qu’ils vont à la plage en amoureux.
J’ai besoin d’être seul, de ruminer seul, de pleurer seul.
C’est insupportable de penser que je ne le reverrai plus jamais. Que c’est fini pour de bon. Ma migraine est revenue de plus belle. Ma vie n’a plus de sens. La souffrance envahit chaque cellule de mon corps, chaque instant de mes journées, chaque neurone de mon cerveau… ma vie n’est plus que noirceur et détresse. Je n’en peux plus : il faut que cette douleur cesse, coûte que coûte.
Dans l’après-midi, je me décide à aller visiter le château de Gruissan ; et là, sur les ruines majestueuses de l’ancienne bâtisse, au-delà d’une fine barrière métallique bordant la falaise, mes idées se font soudainement très noires.
Une douce brise remonte et caresse ma peau : le vide a l’air si tentant.
Un pas, un seul pas Nico : tu enjambes la barrière, et tu fermes les yeux ; un pas encore, un tout dernier, et toute cette souffrance qui te déchire de l’intérieur et qui t’étouffe va cesser tout de suite et à tout jamais.
Il n’y a rien qui te retient, aucun bonheur ne te parait possible désormais… alors qu’il te suffit d’un petit saut pour ne plus rien ressentir, pour ...
... être en paix…
En réalité, oui, quelque chose me retient, non pas vis-à-vis de ma propre vie, mais vis-à-vis de celle des autres : c’est la peur de faire souffrir les gens qui m’aiment : maman, papa, Élodie, Thibault.
Je ne veux pas faire souffrir, je ne veux pas leur infliger ça ; même pas à celui qui m’a rendu si malheureux, je ne veux pas qu’il se sente coupable.
Je voudrais juste disparaître de cette terre d’un coup de baguette magique, sans laisser de trace, disparaître de la mémoire des gens qui m’ont connu, comme si je n’avais jamais existé.
Disparaître pour ne plus souffrir. Rêve impossible.
Alors, l’appel du vide est de plus en plus fort, sa promesse de plus en plus séduisante…
Si je fais ce pas, je vais occasionner une très grande peine à ceux qui restent, certes ; mais, au fond, une fois que je serai parti, leur souffrance ne sera plus mon problème : la souffrance peut rendre terriblement égoïste.
Mais est-ce que tu vas avoir les couilles de faire ça, Nico ?
Soudainement, un souvenir remonte à mon esprit, un souvenir qui revient du fin fond de mon enfance. J’avais genre 9-10 ans, lorsque j’ai vu une scène à la télé qui m’a marqué comme peu d’autres. Je n’ai jamais repensé à cette scène depuis, mais elle refait surface dans ma mémoire aujourd’hui, devant la falaise du château de Gruissan.
Les détails sont flous, il me semble que c’était un film d’animation réalisé dans un style naïf et épuré, en noir et blanc.
Dans la séquence, on voit un ...