L'abbaye de La Sault d'Omy. (1)
Datte: 17/01/2020,
Catégories:
Divers,
Auteur: yannlakeu, Source: Xstory
... familiale et on me dit d’avoir la même intelligence que mon frère qui avait su en prendre son parti.
— Ah oui, mon frère, beau giton en vérité! Et croirez-vous qu’il sera en mesure d’honorer une femme et de vous donner descendance ? Votre petit-fils sortira-t-il donc tout merdeux des flancs de l’abbé ? éructai-je !
Je promis au contraire de m’enfuir et de livrer toutes ces turpitudes aux oreilles du meilleur monde. Plus jamais ma mère ni l’évêque ne pourraient reparaître à la cour. Toute la société se détournerait de nous et nos paysans se moqueraient de nos pratiques. Nous serions la honte du pays.
Si personne ne prit mes déclarations au sérieux, convaincu que l’on était que je ne pourrais survivre à une honte qui m’éclabousserait en retour, on prit cependant ma colère pour réelle et on décida donc de m’attacher dans ma chambre avant de prendre une résolution me concernant.
Mais je réussis, dans la nuit, à me dégager et je me décidai à fuir. Mais avant, erreur funeste, je résolus de me venger de mon frère dont le sperme versé sur mon visage me brûlait encore comme un suprême outrage. S’il n’avait été de mon sang, je l’eusse tué ! Du moins, je voulais ...
... le rouer de coups. Je pris un solide bâton et m’introduisis dans sa chambre, écartai les rideaux et frappai aussitôt. Je n’avais pas vu qu’il dormait serré contre son précepteur et, malgré ma force,revenus de leur réveil en sursaut, ils s’opposèrent à moi, suffisamment pour donner l’ alarme et me faire perdre de précieux instants. Quand, enfin, j’atteignis les degrés, Gabriel me barrait le chemin. Je remontai en courant pour gagner une autre issue.
Le marquis était sur le palier. Il tenait un sabre et je reçus violemment la coquille en pleine face.
Lorsque je me réveillai, j’étais ligoté sur mon lit et sous bonne garde.
Au lever du jour on me coucha sur la banquette du carrosse de mon oncle où il prit place avec ma mère.
Je les entendis faire leurs adieux à mon père sur ces paroles.
— Nous y serons d’en trois jours. Il y sera en de bonnes mains. L’abbé m’est redevable. Dès que nous serons arrivés à la cour, nous vous écrirons pour vous rendre compte. Au revoir mon frère!
Puis il cria au cocher :
— Gabriel, à l’abbaye de la Sault d’Omy !
Le fouet claqua. C’est ainsi que je quittai, pour toujours pensai-je, le foyer de mes ancêtres.
À suivre