Les premiers jours de l'instit
Datte: 07/01/2020,
Catégories:
fh,
Auteur: Zahi, Source: Revebebe
... village ; à l’autre bout il y a la gare, et entre les deux il y a la rue principale, quelques sentiers, trois ou quatre voitures garées, une petite église romane, des habitations et quelques commerces. Au lointain, on voit les champs et quelques fermes avec granges. Mais à cette heure-ci, tout est fermé. Dans le doute, je jette un coup d’œil sur ma montre et m’aperçois qu’il n’est que huit heures du matin passées ! Oh maman, adieu Paris !
C’est devant l’église que je croise la première personne, un vieux de plus de soixante-dix ans qui me regarde passer comme si j’étais un extraterrestre. Après l’église, je trouve une porte vitrée entrouverte. Sur l’enseigne au-dessus de la porte : « Café Bar Tabac Loto PMU ». Un peu plus bas, sur la vitre de la porte : « Chez Daniel ». Plus bas encore, dans un encadré à hauteur des yeux : « Menu du jour : 11,80 Euros ». Je jette un coup d’œil à travers la vitre et il me semble apercevoir deux ou trois silhouettes qui bougent. Je pousse le battant, la porte s’ouvre et j’entre d’un pas décidé. Il fait sombre et cela sent le renfermé.
— Bonjour Monsieur, me lance un homme joufflu derrière le bar.
Ils sont deux derrière le bar. Le bonhomme qui vient de me parler, la soixantaine, grand et rond, rougeaud, un vrai patron de bar, auvergnat sans doute ; et à côté de lui une grande dame toute mince, à la peau froissée, qui fait beaucoup plus âgée que lui. Néanmoins, elle affiche une petite frimousse rassurante et un sourire spontané. Je parie ...
... déjà que c’est le couple de propriétaires. Une serveuse en tablier se tient de l’autre côté du bar. La quarantaine, brune, solide, hyper maquillée, elle porte une jupe qui ne cache pas grand-chose de ses fortes cuisses.
— Bonjour, je peux prendre un café ? fais-je depuis la porte.
— Et comment ! Installez-vous, Monsieur, vous êtes certainement le nouvel instit !
— Euh, oui, c’est moi-même.
— On vous offre le premier café, Monsieur, et la tartine aussi.
C’était tellement rapide que j’ai cru rêver. Je dirais même que le café était presque prêt. Tout le monde m’attendait.
— Mme Durand nous a prévenus de votre arrivée, me dit la serveuse en me ramenant un grand café chaud.
En même temps, elle me fait un de ces sourires ! Le patron était déjà derrière elle avec une tartine au beurre et un pot de confiture.
— Moi, c’est Daniel. Tout ce que vous voulez, je l’ai : il suffit de me le demander. Voilà déjà mon numéro de téléphone (il me tend un petit papier avec son nom et son téléphone) ; appelez-moi à n’importe quelle heure. Voilà Françoise, ma femme – il fait signe à la vieille derrière le bar – c’est la meilleure cuisinière de tout le village ; ce midi, elle prépare du boudin à l’aligot. Il faut venir manger, c’est offert.
— Je ne manquerai pas ça, lui dis-je !
— Eh oui, jeune homme, vous me plaisez déjà ! C’est un délice, vous allez voir.
Je reste au bar toute la matinée. Tout le village, ou presque, y est passé. Daniel s’est fait plaisir de me présenter aux ...