Alentours de Lyon - 1637 - Histoires de Sexe

Alentours de Lyon - 1637

... l’attraper.
— J’attrape pas les sorcières, moi. Surtout quand elles ont les mamelles à l’air.
— Et pourquoi "Surtout quand elles ont les mamelles à l’air " ?
— Va expliquer à la Germaine, toi, qu’c’était une sorcière, tiens, quand elle va nous tomber dessus pendant qu’on la tient !
— Ouais, pas idiot ça… Des fois, tu t’améliores, l’Auguste.

Leurs cris ont rameuté tout le village. Les hommes et les femmes commencent à s’attrouper, le visage dur et méfiant. Mue par un réflexe venu d’on ne sait où, Marie se sauve en courant dans les bois, bien vite poursuivie par une partie des habitants avec, à leur tête, Germaine et Auguste. Elle court sur près de deux kilomètres, ses pieds la faisant horriblement souffrir. Elle arrive devant un mur d’enceinte. En en faisant le tour, elle découvre une porte sur laquelle elle frappe. Derrière elle, les lueurs des torches des villageois lancés à sa poursuite se rapprochent.

Un fenestron s’ouvre et une tête masculine apparaît.

— Oui ?
— Oh, monsieur, aidez-moi, je vous en prie. Ces villageois me poursuivent et veulent me tuer. Ouvrez-moi, je vous en supplie.
— D’abord, appelez-moi mon père, ma fille. Et ensuite, qu’est-ce que c’est que cette tenue ? Pourquoi vous promenez-vous nue, en pleine nuit ? Serait-ce un piège du Malin ?
— Non, mon père. Ces villageois m’ont attaquée et dépouillée. Maintenant ils me poursuivent en me traitant de sorcière.
— Hum !
— Je vous en prie, croyez-moi. Ouvrez vite, ils arrivent ! Regardez les ...

... lumières.
— Bien ! Entrez, mon enfant.

Il lui ouvre la porte, la fait entrer en l’observant et la guide vers une petite pièce équipée d’une cheminée. Là, il se contente de l’observer et triturant sa barbichette. Quelques instants plus tard, les villageois frappent eux aussi à la porte du monastère.

— Père, aidez-nous ! Nous recherchons une sorcière qui nous a échappé.

Le même moine rouvre le petit fenestron et leur dit :

— Voyons, mes enfants, que se passe-t-il ?
— Abbé, nous sommes à la recherche d’une sorcière qui se promène nue. L’auriez-vous vue ?
— Nue, dites-vous ? Non, mon fils, et croyez-moi que je l’aurais remarquée. Cela fait bien des années que je n’ai eu le loisir de voir une femme nue. Mon dernier exorcisme remonte bien à dix ans maintenant.
— Si vous l’apercevez, mon père, méfiez-vous de cette créature du Malin. Elle semble belle comme le jour. Et je ne l’ai vue que quelques instants dans la nuit.
— Ne vous inquiétez pas pour moi, mon fils, mais préoccupez-vous un peu plus de votre âme. D’ailleurs, cela fait longtemps que je ne vous ai vu à confesse…
— Bon, ben, c’est pas l’tout, mais faut qu’on y aille, on a une sorcière à chasser. Je repasserai vous voir, mon père.
— N’y manquez pas, mes enfants. La maison du Seigneur vous est toujours ouverte, à vous et à vos présents.

Les villageois se concertent un moment sur la direction à prendre et finissent par repartir en direction du village.

Dans la petite pièce, Marie s’est réfugiée près du feu, ...