Le lagon du Vice
Datte: 31/12/2019,
Catégories:
fh,
vacances,
bateau,
amour,
Auteur: Nicogarner, Source: Revebebe
... rembrunit. Souvent, il se heurtait à sa fille, une vraie révoltée, refusant l’autorité et s’enflammant pour ses rêves de jeune écervelée qui veut changer le monde, rester libre et indépendante. Il se demandait si son intérêt pour ce jeune homme faible et stupidement idéaliste n’était pas exclusivement guidé par un sentiment de rébellion, juste pour le contrarier.
Si tel était le cas, c’était réussi.
De son côté, Christine en voulait aux deux hommes de l’énerver autant. À son père de se montrer toujours aussi condescendant, prenant plaisir à rabaisser son gendre. Et elle en voulait autant à son mari de se montrer si malléable, baissant l’échine et ravalant toute dignité à se laisser ainsi marcher sur les pieds. Même leur mariage, la semaine dernière, avait été à cause de cela un vrai désastre. Un bras de fer perdu d’avance, où son père avait pris d’emblée les rênes sur tous les préparatifs, de A à Z, avec cette autorité naturelle qui le caractérisait tant. Le pouvoir de l’argent… Et Patrice et ses parents n’avaient fait que subir, pauvres petits pions impuissants dans une spirale qui les avait broyés. Et, comble de l’horreur, c’est Jean-Louis qui avait décidé aussi de la destination de leur voyage de noces, sur son catamaran, en leur compagnie et celle d’un ami de la famille, Benoît Attal, PDG d’un des plus grands laboratoires pharmaceutiques de France.
Là, les limites étaient dépassées. Christine, dès leur retour en France, était décidée à remettre les pendules à ...
... l’heure et à échapper à l’emprise de son père. Puisque son mari était incapable de faire preuve de fermeté, c’était à elle de prendre cette décision.
Son père, de son regard perçant, ne cessait de l’observer. Comme cherchant à lire dans ses pensées, pour mieux la contrôler. Il se laissa distraire lorsque sa femme installa l’apéritif. Les trois hommes s’installèrent dans des fauteuils profonds disposés autour d’une table basse en cristal. Le salon était luxueusement meublé, décor high-tech avec un sentiment d’espace et de confort qui ne laissait en rien supposer l’intérieur d’un bateau.
De grandes dimensions arrondies, aux couleurs chaleureuses et une forte présence de verre ciselé qui transpire le luxe.
Sa femme les servit en silence, puis descendit pour se changer. Jean-Louis la suivit un instant du regard, puis reporta son attention sur Benoît.
— Merci encore, cher ami, de nous avoir servi de guide aujourd’hui. Jamais nous n’aurions pu trouver cette île sans votre aide.
— Le plaisir fut pour moi.
— Alors, trinquons à cette belle journée !
Ils levèrent leur verre. Patrice but une gorgée avant de se lever.
— Excusez-moi, je vous abandonne un instant.
Il se dirigea vers la cuisine. Jean-Louis le regarda s’éloigner avec un air de mépris.
— Gentil, ce garçon, mais il n’a rien d’un battant ; j’espère que ma fille s’en rendra vite compte…
C’est un murmure, pour éviter que Christine n’entende. Elle venait d’entrer et jeta un regard hautain à Benoît. ...