1. Austerlitz, voie 16


    Datte: 27/12/2019, Catégories: fh, extracon, train, Voyeur / Exhib / Nudisme strip, Oral fdanus, fsodo, journal, lettre, extraconj, Auteur: OlivierK, Source: Revebebe

    Le type était en costume et cravate. Moi, j’avais mis la mienne dans ma poche en quittant la salle de réunion. Il était indigné et criait fort.
    
    — Ça fait quand même longtemps que vous ne mettez plus de charbon dans les locomotives, alors cette grève pour défendre vos privilèges, hein, ras le bol ! Vous nous prenez en otage, vous emmerdez ceux qui bossent ! Parce qu’il y a encore des gens qui bossent, dans ce foutu pays, figurez-vous !
    
    Le cheminot n’a pas répondu. Une femme l’a fait à sa place :
    
    — Mais, Monsieur, ce jeune homme n’est pas gréviste, et il fait tout ce qu’il peut pour nous renseigner.
    — Eh bien, il ne peut pas grand chose ! Mais quel bordel !
    
    Le personnage a quitté la gare en maugréant. La petite dame s’est assise sur un banc et a sorti un livre de son cartable. Je venais de téléphoner à Brigitte. Julien occupait encore sa fac, Delphine avait pris sa journée pour garder ses gosses à cause de la grève des enseignants.
    
    — Moi, j’ai pris mon vélo, m’avait dit Brigitte. Tu as cherché un hôtel ?
    — Non. Ils doivent être complets, de toute façon.
    — Ton séminaire s’est bien terminé ?
    — Du temps perdu, comme d’habitude.
    — Qu’est-ce que tu vas faire, si tu ne trouves pas de train ?
    — Qu’est-ce que tu veux que je fasse ? Un TGV est programmé pour 19 Heures 38, mais sous toutes réserves. Il est question que des étudiants bloquent les voies.
    — France-Info vient de le dire. Prends ton mal en patience. Je t’embrasse.
    — Je t’embrasse aussi.
    
    Je me suis ...
    ... assis sur le banc de la petite dame. J’aurais aimé lui parler. Je n’avais aucunement le coeur à la bagatelle, pourtant, ma vie est bien assez encombrée comme cela. Mais c’était une femme, et j’aime les femmes. Je venais de revoir Martine. Avoir été si proches et être devenus à ce point des étrangers l’un pour l’autre ! Une amabilité de surface,Ça va, toi ? Mais oui, et toi ? Dire que j’ai failli quitter Brigitte pour elle, il y a quatre ans ! À Orléans, j’ai Chantal. Son mari doit bien s’en douter. Brigitte aussi, bien sûr, mais elle fait comme si.
    
    Delphine a refusé de me donner son numéro de téléphone. Car elle se prénomme Delphine. Elle vient d’avoir un TGV pour Nîmes et je ne la reverrai plus jamais, à moins d’un miracle. Elle m’a dit d’être raisonnable, que c’était mieux comme ça, ses lèvres contre les miennes, son bas-ventre collé contre le mien, pour la dernière fois. Pour la dernière fois !
    
    Je devrais avoir un train en fin de matinée. Je suis dans un bistrot en face de la gare de Lyon, j’écris pour revivre cette nuit à nulle autre pareille. Quel lyrisme ridicule ! J’en suis conscient, je me complais dans une souffrance qu’un verre de rhum suffirait à faire disparaître, mais c’est une tasse de thé qui est sur ma table, à côté de ce notebook, mon confident. Un fichier de plus, que j’écraserai un jour, comme tant d’autres, en haussant les épaules.
    
    Delphine est en train de doucement m’oublier, dans ce train qui fonce vers le sud. Elle avait un pantalon noir et une ...
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