0210 Balade à cheval
Datte: 15/12/2019,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... ».
« Oui. Pendant que le mec me cognait, j’ai cru qu’il continuerait jusqu’à me tuer. Quand j’ai tapé la tête contre le mur, juste avant de perdre connaissance, j’ai vu ma vie défiler, comme dans un film. Et le film se terminait avec un final de merde… ».
« Quel final ? ».
« Le regret de t’avoir fait mal, de t’avoir fait souffrir… parce que… ».
« Parce que ? ».
« Parce que tu étais la plus belle chose qui me soit arrivée ».
« Toi aussi tu es la plus belle chose qui me soit arrivée ».
Je suis ému. Jérém aussi. Ma main cherche sa main. Nos doigts s’entrelacent.
« Quand je me suis réveillé à l’hôpital, c’est à toi que j’ai pensé en premier. J’ai réalisé que si j’étais parti pour de bon, les derniers souvenirs que t’aurais gardés de moi auraient été la torgnole que je t’avais mis chez toi et le sketch quand on s’est croisés sur les boulevards… quand tu étais avec « machin »… et ça m’a rendu malade… ».
« Je savais que t’étais un gars génial, quelqu’un de bien… » je fais, au bord des larmes.
« Je ne sais pas ».
« Je te dis que oui ».
« Allez, on y va, nous y sommes presque ».
Nous reprenons notre route et, très vite, une jolie ligne droite dégagée se présente devant nous. Unico marche plus vite que Tequila, il prend vite quelques mètres d’avance. Au fur et à mesure que la distance se creuse, je sens Téquila frémir, comme si elle n’aspirait qu’à rejoindre son rejeton.
Alors, à moment, je me dis : tant pis, vas-y, Nico, laisse-toi porter. Tu ...
... as survécu à ton premier galop, tu ne vas pas te casser la gueule au deuxième. Je lâche un brin les rênes et, contre toute attente, la grosse jument ne part pas comme un boulet de canon comme tout à l’heure, mais prend un petit trot plutôt agréable.
Je suis fier de moi, je commence à dépasser ma peur de la vitesse à cheval. Et justement cette sensation de vitesse, de puissance, de liberté et d’harmonie – avec la nature, le grand air, l’animal, mon chéri et, par-dessus tout, moi-même – est une des sensations les plus enivrantes que je n’aie jamais connues.
L’adrénaline commence à circuler en moi, elle me donne des frissons. Jamais je n’ai ressenti quelque chose de semblable. Ma crispation disparaît, je respire profondément comme jamais je ne l’ai fait. Je trouve le bon tempo avec Tequila et je me laisse porter. Ce trot, c’est comme une renaissance Je m’entends pousser un cri d’excitation, le même genre de cri que l’on pousse la première fois que l’on fait les montagnes russes. On a beau essayer de se maîtriser, à un moment donné on est obligés de lâcher prise face à une force qui nous dépasse. Et on a alors l’impression de s’envoler tellement haut que ça en donne le tournis.
Lorsque Jérém me voit le dépasser, il me lance un « Waaaaaahoooooooo ! » qui me fait frémir de bonheur. Puis, au cri de « Iiiiiiiiiiiiiii-aaaaaaaaaaaaaa ! » il lance à son tour son entier au trot, il me rattrape, et il cale son allure sur celle de ma jument. Ce qui fait que nous chevauchons côte à ...