1. 0210 Balade à cheval


    Datte: 15/12/2019, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... comme ouatés, alors qu’un silence sépulcral semble régner sur les lieux. L’endroit a quelque chose d’oppressant, presque sinistre, comme un labyrinthe, et je me sens étouffer par la présence dense de ces arbres qui semblent vouloir nous retenir, nous empêcher d’avancer, nous piéger. J’ai l’impression d’être dans une forêt « hantée », d’avoir été transporté à mon insu dans une autre dimension spatio-temporelle, c’est vraiment étonnant comme sensation. Heureusement qu’il y a le chemin pour nous guider et la présence de mon bobrun pour me rassurer.
    
    Lorsque nous sortons enfin de ce long passage étouffant, je suis heureux et soulagé de retrouver de l’air, de l’espace et du soleil. Je prends une grande inspiration, et je me sens de suite mieux.
    
    « Ça va ? » il me demande, pour l’énième fois.
    
    « Oui très bien, je commence à avoir faim ».
    
    « C’est normal, il va être midi. Et nous avons encore de la route ».
    
    « Midi, c’est vrai ? Ça fait plus de deux heures qu’on se balade, je n’ai pas vu le temps passer ».
    
    « Moi si… » fait Jérém du tac au tac.
    
    « Petit con ! ».
    
    « C’est pas moi, ça… ».
    
    « Même Charlène te traite de petit con ».
    
    Le bogoss sourit sous la moustache.
    
    « Je rigole, Nico. En vrai, je trouve que t’as bien de courage de monter sans avoir pris un seul cours. Rien qu’une balade au pas, c’est énorme. En plus, t’as même fait un galop. Alors, moi je dis que c’est un sans-faute, Monsieur Sabatier. Et merci aussi de me faire confiance ».
    
    Entendre Jérém ...
    ... me féliciter, me fait un bien fou, me met du baume au cœur, l’entendre m’appeler par mon nom de famille, c’est une douce mélodie qui me fait vibrer.
    
    Le chemin débouche sur un nouveau point de vue dégagé, offrant une vue majestueuse sur le relief Pyrénéen, sur la vallée et très loin dans la plaine, un point de vue qui nous fait prendre soudainement et pleinement conscience du dénivelé franchi et de l’effort produit par nos montures.
    
    Jérém et Unico marquent une pause, Tequila s’arrête à son tour, sans aucun effort de ma part, elle se gare pile à côté de son fils. Jérém semble comme happé par ce superbe paysage, et à mon tour je finis par me perdre dans la tentative d’embrasser cette immensité du regard, de m’en imprégner.
    
    Jusqu’à ce que la voix de mon bobun me tire de cette contemplation.
    
    « Toulouse, c’est vers là-bas ».
    
    « C’est beau ! » je commente.
    
    « Oui, c’est beau » fait-il, la voix un brin altérée par la clope qu’il vient de glisser au coin de ses lèvres ; puis, il continue : « j’ai toujours aimé cet endroit. Plus jeune, je venais ici quand ça n'allait pas. J’y ai passé des heures, allongé dans l’herbe ».
    
    « C’est ton refuge, d’une certaine manière ».
    
    « Le week-end dernier, j’avais besoin d’être seul, et je suis venu ici avec Unico. J’ai regardé vers Toulouse et j’ai décidé de t’appeler ».
    
    « Merci la montagne… ».
    
    « Tu sais, j’ai vraiment cru que c’était fini cette nuit-là… » fait Jérém, après une petite pause.
    
    « La nuit où tu t’es battu ? ...
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