1. Petits plaisirs et grand calvaire


    Datte: 11/12/2019, Catégories: fh, fhh, fplusag, fagée, groscul, handicap, Auteur: Badalic, Source: Revebebe

    ... sifflotant.
    
    La mère Garnier contemplait d’en bas mon ouvrage.
    
    — En voilà un bout de terminé, lui dis-je, pas peu fier. Maintenant, nous sommes au sec… Et demain je commence à poser les fenêtres.
    — Bien, très bien, répondit-elle. En attendant, nous allons fêter ça : je vous ai préparé un bon petit dîner.
    — Je suis désolé, mais il faut que je rentre…
    — Il y a du ragoût, celui que vous aimez !
    — Non, je vous dis que je ne peux pas
    — Allons, ne soyez pas stupide ! Je suis certaine que vous n’avez rien à manger chez vous… et que votre décision n’est due qu’à notre légère dispute…
    
    « Dispute ? Quelle dispute ? » J’ai préféré ne pas répondre.
    
    — … si vous voulez des excuses, eh bien je m’excuse ; je n’aurais pas dû vous faire cette vie à propos d’Aline.
    
    Quand je redescendis du toit, elle s’avança vers moi et me tendit la main.
    
    — Allez, soyez sympa, on fait la paix. Pour me faire pardonner, je vous offre l’apéritif.
    
    Sensible à son repentir, je me suis laissé convaincre. De toute façon, je n’avais rien à faire de particulier ce soir-là et j’avais vraiment la dalle. Et je dois dire que j’avais bien fait car le repas était fort bon, encore meilleur que d’habitude, en plus arrosé d’une très bonne bouteille qui détendit l’atmosphère.
    
    — Quand je vous le disais que ce serait fini avant l’hiver, intérieur compris… Vous pourrez même emménager. Il faudra juste que le plâtre sèche un peu. Mais bon, avant Noël, c’est presque certain.
    — Je voulais vous dire pour votre ...
    ... rémunération… je ne pourrai peut-être pas tout vous payer ce mois-ci. Si vous pouviez me faire un petit crédit jusqu’au mois prochain…
    — Ne vous inquiétez pas, Madame Garnier : maintenant que je vous connais, j’ai toute confiance en vous.
    — Pourquoi vous escrimez-vous à m’appeler « Madame Garnier » ? Je vous ai dit mille fois de m’appeler Martine.
    — Parce que… parce que vous m’impressionnez. Vous êtes plus vieille que ma mère.
    — Plus vieille ? Qu’en savez-vous ?
    — Ma mère a 51 ans.
    — Plus vieille, je vous le concède ; mais ce n’est pas très gentil de me rappeler mon âge. Et cela ne vous empêche pas de m’appeler Martine, depuis le temps qu’on se connaît.
    
    Elle me resservit alors une part de cet excellent gâteau, attention à laquelle je répondis par un :
    
    — Merci, Madame Gar… Madame Martine.
    — Martine suffira.
    
    Ce n’était pas gagné !
    
    Tandis qu’elle me faisait un café, je suis allé m’asseoir dans le salon, sur le divan, face à la téloche. Je commençais à avoir mes petites habitudes dans cette maison ; il faut dire que la maîtresse de maison me chouchoutait plus que ne l’avait jamais fait ma propre mère. Quand elle était bien lunée, elle m’offrait même le pousse-café avant de partir s’occuper de son mari. Après, je restais ou je ne restais pas, suivant le programme, pour profiter de leur grand écran car chez moi je n’avais qu’une toute petite télé. Elle me laissait généralement choisir mon programme. De toute façon, elle avait rarement le temps de regarder. Elle ...
«12...567...13»