1. Quand il descendit du ciel


    Datte: 10/12/2019, Catégories: inconnu, strip, jeu, Humour Auteur: Pattie, Source: Revebebe

    ... bercé mon enfance était là (même s’il était loin de ressembler à un héros) et il partait après avoir mis à sac le salon, comme si de rien n’était ? Là, je protestai vivement !
    
    — Comment ? C’est ça, mon cadeau de Noël ? Vous débarquez chez moi, vous répandez de la peinture partout, et vous partez en me laissant le soin de tout nettoyer ?
    
    Il s’immobilisa, se tourna, contempla le désastre. Je profitai de son hésitation pour avancer dans mon argumentation.
    
    — En plus, vous ne pouvez pas continuer votre tournée avec une barbe noire et mouillée puant la peinture à dix mètres, votre manteau taché et votre botte qui laisse des empreintes sur les tapis !
    
    Il rougit.
    
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    Voilà comment je me retrouvai assise au coin de la cheminée éteinte, un verre de liqueur de prune maison à la main, à attendre avec le père Noël que la machine à laver et le sèche-linge aient rempli leur office. La prune de papa ne lui avait pas semblé contraire aux devoirs de son service et il semblait tout ragaillardi par l’alcool délicieusement parfumé.
    
    J’avais éteint la lumière pour ne pas risquer d’attirer un membre de mon encombrante famille, préférant allumer les grandes bougies de la cheminée.
    
    Et le silence régnait. Médusant : je venais de rencontrer une légende et je ne savais pas quoi lui dire. Il me semblait déplacé de lui demander comment il se faisait que la bicyclette demandée pour mes dix ans se soit transformée en cette maudite robe pelucheuse rose-barbie que j’avais ...
    ... été obligée de porter pour le mariage de ma tante.
    
    Mais alors, quoi ?
    
    — Euh… Ça fait longtemps que vous êtes père Noël ?
    
    Il se renversa dans le fauteuil, fourrageant dans ses cheveux bruns.
    
    — M’en parlez pas ! Tout a commencé il y a deux mois. Je rentrais chez moi, il faisait froid. C’était une sale journée qui se finissait (un peu comme aujourd’hui, sauf que la nuit est loin d’être finie !). Et puis j’ai trébuché sur un de ces Pères Noël de grand magasin, qui sortent de leur trou dès la fin du mois d’octobre, maintenant. Barbe blanche, manteau rouge, enfin, tout le toutim. L’air très vieux, genre Mathusalem, couché par terre. Il était dans un sale état. On a papoté et, de fil en aiguille, il a dit que j’étais l’homme de la situation, qu’il avait confiance en moi, il a pris mon bras, j’ai senti un picotement et paf, il est mort. C’est là que le lutin est arrivé, avec le traîneau et les rennes, et il m’a embarqué pour la Laponie.
    
    J’ouvris la bouche pour dire quelque chose, ou rigoler, ou je ne sais quoi… Mais je ne trouvai vraiment rien à dire. Je mesurai la distance jusqu’au téléphone, me demandant combien de temps il faudrait à l’hôpital psychiatrique pour récupérer son évadé. Puis je me souvins du traîneau.
    
    Le silence se réinstalla, pesant.
    
    — Ah tiens ! s’écria le père Noël. Vous avez des cartes !
    
    Il se pencha pour les attraper sur la table du salon.
    
    — On se fait un strip-poker ?
    — Pardon ?
    
    Le père Noël prit une mine contrite.
    
    — C’est que… Je ...
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