Maurice et Marcel
Datte: 21/03/2018,
Catégories:
hh,
copains,
vacances,
bain,
bateau,
amour,
cérébral,
historique,
Auteur: Claude71, Source: Revebebe
... prodiguée avec parcimonie, depuis l’enfance.
Le dimanche, ils prirent la barque pour retourner à Chalon. Il était prévu que Maurice revienne et Fifine ne fut pas surprise. Il lui expliqua ce qui était arrivé dans la semaine et lui fit part de son idée. Elle ne tarda pas à répondre à sa manière :
— Pour faire tes cochonneries, t’as toujours de l’idée. Gardes-y ton amoureux mais j’pourrai pas le payer, il y sait. S’il travaille, y’aura toujours de quoi manger pour lui et tu le prendras avec toi pour dormir. Ça va pas te gêner mais vous faut un lit plus grand. T’as qu’à demander au Jandot d’y faire, il m’doit bien ça avec toute l’herbe que j’y donne pour ses vaches. On trouvera bien une paillasse.
— D’abord, c’est pas mon amoureux même si on couche ensemble. On s’aime bien et on est content comme ça ! Fifine faut que je t’embrasse, t’es trop chouette !
— Allez ! Allez ! Pas de chichi ! Montres-y ton amoureux.
Marcel fit ainsi la connaissance de Fifine. Elle gardait, malgré son âge, belle allure. Elle leur donna de quoi acheter des provisions pour la semaine suivante, rappela à Maurice qu’il devait aller voter et que dimanche prochain, il devrait venir la chercher. Les deux « amoureux » firent leurs emplettes et se rendirent au bureau de vote. Marcel demanda :
— J’pourrai venir avec toi ? J’ai pas l’âge de voter.
— C’est la première fois que j’y vais mais c’est sûr tu peux venir.
— Tu sais pour qui tu vas voter ?
— C’est secret mais, à toi, je peux y dire. Je ...
... vote communiste. C’est la tradition dans la famille. J’aime bien le maire de Chalon, Nouelle, et je voterai pour lui dimanche prochain.
La semaine suivante, Marcel et Maurice aménagèrent leur chambre. Le père Jandot leur fabriqua un grand cadre en bois, cloua quelques planches en travers. Ils garnirent le lit avec deux paillasses assez épaisses pour servir de matelas. Ils avaient assez de place mais ce n’était pas d’un grand confort. Il manquait des ressorts, surtout quand ils se prenaient mais, au moins, ça ne faisait pas trop de bruit.
Ils plantèrent les pommes de terre, repiquèrent des salades, des betteraves, des choux. Il firent aussi une grande lessive et en profitèrent pour prendre un bain dans les immenses baquets. Ils s’entendaient bien. Chacun faisait sa part sans rechigner.
Quand le dimanche arriva, tout était prêt pour accueillir Fifine. Après qu’ils eurent fait le marché, Maurice vota. Dans la barque lourdement chargée qui les ramenait à la guinguette, ils discutèrent des élections. Nouelle était le candidat de gauche le mieux placé, il devait conserver son siège de député. Il était pour le Front Populaire. Fifine, bien qu’elle ne votait pas, leur disait de ne pas trop y croire. Les radicaux allaient comme d’habitude gouverner avec la droite. Marcel était plus optimiste. Il rêvait de changement pour les plus humbles, d’un peu moins de misère, de plus de considération. Marcel, plutôt néophyte en politique, les mit d’accord par une boutade :
— Demain on ...