Maurice et Marcel
Datte: 21/03/2018,
Catégories:
hh,
copains,
vacances,
bain,
bateau,
amour,
cérébral,
historique,
Auteur: Claude71, Source: Revebebe
... passage, pour les gens de la ville qui viennent le dimanche. Moi, je fais le service, elle la cuisine. Là, je prépare l’ouverture, dans un mois. Et toi ? Tu fais quoi ?
— Moi, j’suis à la rue !
Marcel éclata en sanglots. Maurice, attendri, le prit dans ses bras.L’a quoi, le p’tit môme, un gros chagrin, de grosses misères ? Marcel raconta sa fuite. Son patron qui l’avait mis à la porte, La Jeanne, son métier de matelot.
— Alors, t’es un marin d’eau douce. Pourquoi y voulait plus de toi, ton patron ?
— J’sais pas si j’peux t’y dire. Tu vas pas m’jeter après, hein ?
— T’as pas fait une grosse connerie au moins ?
— Non, j’ai pas volé, j’ai pas tué. Ça te va ?
— Promis, juré. T’peux me raconter alors. C’est quoi qui l’a mis en rogne ton patron ?
— Ben… C’est comme qui dirait… qu’il aime pas mon genre !
— C’est quoi ton genre ? T’serais pas un peu d’la jaquette comme moi ?
— D’la jaquette, c’est quoi c’truc ?
— Hé ben pédé, pédale si t’aime mieux. Ceux qui baisent entre mecs.
— Ben t’as tout compris. Et toi aussi t’es d’la jaquette ?
— Oui mon pote. J’suis rudement content, tu me plais bien tu sais !
Marcel n’en revenait pas. Il en fut tout retourné d’émotion. Son sauveteur était un jeune gars, comme lui, et il aimait les mecs. Il s’enhardit à demander :
— T’peux me garder vers toi ? J’sais pas où aller. J’pensais rentrer chez ma mère mais après c’qui s’est passé avec le père Mathieu, sûr qu’elle va me jeter.
— Écoute Marcel, moi, te m’plais ! J’ty dis ! ...
... Mais, y’a Fifine. Faudrait y demander. Remarque, si tu m’aides, p’têt que Fifine, elle voudra. Mais faudra pas compter trop sur des sous, nourri, logé pas de souci, jusqu’à l’hiver. Elle peut pas la Fifine, avec c’qu’elle gagne ici, employer deux serveurs.
— Ça m’va comme ça ! D’ici l’hiver, j’trouverai bien un marinier pour m’embaucher et vu qu’ici, il en passe, j’aurai pas trop de mal.
— Sûr, qu’il en passe des péniches et qu’elles s’arrêtent. La Fifine, elle est réputée pour l’accueil et pour la bouffe. On ira dimanche à Chalon pour y demander si elle veut bien, j’crois que ça va marcher.
Ils commencèrent à rêver. Marcel était provisoirement sauvé. Maurice allait avoir un compagnon pour l’aider, peut-être bien pour autre chose. Il ne savait pas trop s’il plaisait à Marcel. Ce n’était pas le moment de lui faire des propositions coquines, vu l’état dans lequel il se trouvait. Il se levait pour le laisser se reposer, quand il sentit une main qui serrait très fort la sienne. Il se retourna et vit, dans les yeux de Marcel, une lueur qui exprimait plus que de la gratitude. Il se pencha vers ce visage souriant et posa ses lèvres sur celles de Marcel. Un baiser fougueux les unit longuement.
— Tu veux pas dormir avec moi ? demanda Marcel.
— J’veux bien, pour sûr, mais t’es fatigué, t’es encore un peu chaud. Ça peut attendre nous deux, quand t’ira mieux.
— Oui, pour le cul on peut attendre mais je t’voudrais contre moi. C’est pas souvent que j’ai passé la nuit dans les bras ...