1. Maurice et Marcel


    Datte: 21/03/2018, Catégories: hh, copains, vacances, bain, bateau, amour, cérébral, historique, Auteur: Claude71, Source: Revebebe

    C’est comme ça que Maurice le retrouva. Il venait d’accoster, en barque, pour remettre en état la guinguette de Fifine. Encore un chemineau, un pauv’ type dans la misère. Y’en avait de plus en plus depuis la crise. Pas de boulot, pas de fric, plus d’endroit où crécher, restait plus qu’à tailler la route et vivre de la charité. Maurice s’approcha de Marcel. Il se dit qu’il était bien jeune celui-là et pas moche, le mec. Il constata qu’il était brûlant de fièvre. Il essaya de le réveiller mais l’autre délirait.
    
    Y avait pas trente-six solutions. Fallait le mettre au lit avec une bonne bouillotte, lui faire avaler de l’aspirine, du « guérit-tout » comme disait Fifine, et attendre que ça passe. Tout seul, avec tout ce qui restait à faire, y pouvait pas mieux. Il chargea Marcel sur ses épaules -Putain qu’il était lourd !- monta à l’étage pour l’installer dans la chambre de Fifine, la seule qui disposait d’un grand lit douillet. Il dévêtit Marcel et se mit à le frotter énergiquement avec une serviette.Mais c’est qu’il bande le salop, l’est pas mort, ça c’est sûr et ça lui fait de l’effet mes gratouillis. Il coucha Marcel, ajouta une couverture sous l’édredon.T’es au chaud, tu bouges pas, je reviens avec la bouillotte. Maurice lui parlait, comme si son protégé allait pouvoir lui répondre, mais les quarante de fièvre avaient plongé Marcel dans un état comateux.
    
    Il descendit, alluma le feu dans la cuisinière, fit chauffer de l’eau, prépara une tisane, la bouillotte, les cachets ...
    ... d’aspirine…Encore heureux que Fifine avait tout ce qu’il fallait ! Il monta tout sur un des grands plateaux qu’on utilisait pour le service. Dans la chambre, Marcel dormait. Il semblait apaisé. La bonne chaleur commençait à faire son effet. Maurice, avec précautions, lui fit avaler les cachets dissous dans un peu de tisane et posa la bouillotte sur le ventre du malade.Putain, qu’il est bien foutu ! Il en ferait bien son quatre heures ! Mais vu qu’il était pas consentant, ce serait comme qui dirait du viol. Et ça, le Maurice, c’était pas, mais alors pas du tout son truc, vu que son premier patron l’avait forcé dans sa remise quand il avait à peine quinze ans. En plus, y’avait pas que ça à foutre, il s’était déjà mis en retard.Allez ! Au turbin !
    
    Il commença par décharger la barque, ouvrit toutes les fenêtres pour aérer et profiter du pâle soleil qui perçait dans la brume. Comme il faisait encore frisquet, il préféra s’activer à l’intérieur. Il pouvait, ainsi, se rendre au chevet de Marcel de temps à autre. Il vérifiait que tout allait bien, que la température baissait. Il se régalait, à chaque fois, du beau spectacle qui s’offrait à ses yeux et ça lui donnait du cœur à l’ouvrage.
    
    Il balaya la grande salle, nettoya les tables et les chaises et se dit que pour les vitres, il attendrait un peu. Il prépara une bonne soupe avec les provisions qu’il avait emportées.Elle f’rait bien trois jours, y’aurait pas besoin de se mettre en cuisine et ça irait pour l’autre qu’avait pas dû ...
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