Maurice et Marcel
Datte: 21/03/2018,
Catégories:
hh,
copains,
vacances,
bain,
bateau,
amour,
cérébral,
historique,
Auteur: Claude71, Source: Revebebe
... d’un mec, surtout un comme toi, gentil et doux et beau…
— C’est qu’i serait amoureux le p’tit môme !
— Amoureux, j’sais pas mais je t’aime bien. Puis Momo faut pas m’appeler p’tit môme. J’ai vingt ans et j’suis au moins aussi vieux que toi.
— C’est qui s’rait susceptible, le Marcel. Tu sais, c’est juste affectueux ! Faut pas te fier aux apparences mon gars, j’suis plus vieux que toi. J’en ai vingt-deux, moi !
— J’voulais pas te vexer Momo ! Allez, viens te pieuter !
— Pas tout de suite Marcel. J’ai encore à faire et puis j’ai pas bouffé. T’attendras bien un peu.
Maurice devait encore rentrer le mobilier de la terrasse, fermer pour la nuit, mettre du bois dans la cuisinière. Sur un plateau, il disposa deux grands bols de soupe, deux tranches de pain, un fromage de chèvre frais, une carafe d’eau, des verres, des couverts. Il voulait dîner avec son nouveau copain. Sa présence lui manquait déjà. Comme la nuit commençait à tomber, il alluma une lampe à pétrole. Il n’y avait pas l’électricité dans la guinguette et, les soirs d’été, on utilisait des lampes-tempête qui créaient un charme et une intimité propices aux confidences amoureuses.
— Tu veux que j’taide à manger ? demanda Maurice quand il entra dans la chambre, les bras chargés de son plateau.
— Merci, ça va mieux, viens t’asseoir vers moi.
Les deux jeunes gens mangèrent de bon appétit. Marcel trouvait tout bon. C’est vrai que, depuis deux jours, il n’avait pas avalé grand-chose. Après avoir débarrassé, ...
... Maurice revint se coucher à côté de Marcel. Ça lui faisait tout drôle de penser qu’il allait passer une nuit complète avec un homme. Ce n’était pas non plus dans ses habitudes. Ils se racontèrent leur vie. Maurice expliqua qu’il était le dernier enfant d’une tribu de huit mômes, que son père, qui travaillait à la mine à Montceau, était mort, qu’il ne voyait pas souvent sa mère comme il travaillait à Chalon ou ici, à la guinguette, qu’avec ses frangins et frangines, c’était pas le grand amour, qu’ils lui demandaient toujours s’il allait se marier et qu’il valait mieux pas parler des choses qui fâchent. En fait, sa seule vraie famille, c’était Fifine, même si par pudeur elle l’engueulait plus souvent qu’elle ne lui témoignait son affection. Ils finirent par s’endormir après un baiser très chaste.
Les jours qui suivirent et jusqu’au dimanche, ils s’occupèrent de la remise en état de la guinguette. Maurice et Marcel, dès qu’il retrouva sa forme, finirent les travaux de peinture. Le temps se mit au beau. Ils purent bêcher le jardin, désherber les fraisiers, faucher l’herbe sous les arbres fruitiers. Elle n’était pas très haute mais si on voulait que ça ressemble à du gazon, il fallait la couper souvent. C’est là, un après-midi, qu’ils firent l’amour pour la première fois. Ils étaient jeunes, vigoureux et assez expérimentés pour se donner beaucoup de plaisir. Le soir, dans « leur lit », ils préféraient se caresser, partager de la tendresse, se témoigner de l’affection qu’on leur avait ...