1. La forêt


    Datte: 30/11/2019, Catégories: nonéro, aventure, fantastiqu, sorcelleri, merveille, Auteur: Gaed, Source: Revebebe

    Résumé : Après être sortis de la maison désertée, Lorn et ses deux compagnons s’enfoncent un peu plus dans la forêt.
    
    Bientôt, il sera impossible de savoir depuis combien de temps nous arpentons cette forêt morte, la maison sera loin, le souvenir de la vieille femme aussi. Des arbres, encore des arbres. Une légère brume s’est levée, flottant à ras du sol dans la forêt alentour, par-dessus les feuilles mortes, à la base des troncs épais où viennent frotter les branches traînantes des colymbres. Seul le souffle court de ma monture m’indique qu’une halte sera bientôt nécessaire, mais le moment n’est pas encore venu et je me laisse porter, mon corps en balancier, sur ce trot lancinant.Derrière moi, j’entends les deux autres murmurer. Que peuvent-ils bien se dire ? Peut-être soufflent-ils quelques prières, les religieux sont sensibles aux signes et gageons que cette brume en recèle de nombreux. Je hasarde un rapide regard vers mes deux compagnons de route. Les visages livides se mêlent au brouillard naissant. Fazel m’adresse un signe que j’ai du mal à comprendre. Je hoche la tête, je n’ai pas envie d’en savoir plus. Ma main va-et-vient sur le cou de ma bête, sa chaleur me rassure, là, juste sous la crinière humide. Cet endroit est sordide ou plutôt c’est cette nuit qui l’est. Même la lune s’en cache.Le faible écho des fers se fait entêtant, un son mat, régulier, qui se mêle au sang dans mes tempes jusqu’à devenir musique, de celles qu’on ne peut chasser de son esprit. Je sens ...
    ... mes yeux se fermer, la monotonie du trajet m’aspire vers des contrées brumeuses et mes paupières se scellent puis s’ouvrent à nouveau. Cette petite danse n’en finit pas jusqu’à ce que le sommeil me happe et que je me laisse partir. Le rythme des sabots se fait ressac, la brume devient écume.J’entends l’océan, il m’appelle.Un hennissement.Un vertige.La brume tout autour de moi.Je me raccroche à la selle, j’ai failli tomber. Le cheval ne bouge plus, figé et silencieux. Depuis combien de temps me suis-je assoupi ? Par quel étrange sortilège n’ai-je point chuté de ma monture ?Je joue des talons sur les flancs osseux de ma bête, mais elle refuse d’avancer. Ses oreilles dressées semblent à l’affût, sa tête balance de gauche à droite dans un mouvement lent et régulier.Retourne-toi.Je ne vois plus les autres, le brouillard est épais, trop épais.Encore un hennissement.Le cheval recule. J’essaie d’inverser le mouvement, mais rien à faire, la bête recule encore puis se fige comme de la pierre. Je caresse sa crinière.Calme, calme.Ma voix dans le silence m’a fait peur. Je ne suis qu’un idiot, je dois me reprendre, j’ai vu des choses bien pires.Un mouvement.Une petite forme noire vient de passer à toute allure.Là, à ma droite.Non peut-être à gauche.Je n’en sais rien…Qu’est-ce ?Encore un mouvement suivi d’un feulement qui me glace le sang. Ma bête tremble, hennit de toutes ses forces, se cambre, recule encore une fois. Je tente de la calmer, mais elle se dresse d’un coup sec, rue en tous sens ...
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