1. Kinshasa - Limete


    Datte: 28/11/2019, Catégories: fh, hplusag, douche, amour, Oral Auteur: Jean Balun, Source: Revebebe

    ... on se sent vraiment utile, et pourtant on n’est pas des humanitaires ! Mais alors ce dossier …
    — Et si on mangeait quelque chose ? esquive-t-elle, mutine.
    — Tu as raison, d’abord les choses importantes !
    
    Nous dévorons avec appétit notre repas : Lydia a commandé un demi-poulet frites et moi, un steak de zébu avec des bananes plantain et bien sûr du pili-pili, sauvage comme je l’aime. Mais c’est elle, des yeux, que je dévore.
    
    — Tu manges congolais ! s’étonne-t-elle.
    — Je mange toujours local, même les binzos !
    — Tu as déjà mangé des chenilles ?
    — Oui, mais je les préfère fraîches, par contre séchées et fumées, j’aime pas trop. Mais sautées avec des oignons, mmmh ! Ne me dis pas que ce n’est pas dans le rapport de ton père !
    — …
    — Mais encore ?
    — Tu me fais trop parler, tu ne devrais même pas être au courant pour ce dossier !
    — Tu m’en as dit trop ou pas assez !
    — En fait, d’après les Américains, vous travaillez pour les Russes.
    — Ah, ah ! Et sur quelles bases ?
    — On a vu Guillaume et Marc à plusieurs reprises boire avec des pilotes russes dans l’Est, du côté de Goma et de Butembo. Tu es un ancien militant de gauche, tu as travaillé pour Kadhafi et tu es ingénieur en nucléaire. Marc est un ancien para-commando, licencié en sciences nucléaire et Guillaume, un chimiste, expert en explosifs, passionné de minéralogie. Et vous rôdez partout au Congo sous prétexte d’équiper des écoles ! Il y a de l’uranium au Congo, non ?
    — On se calme, Mata Hari !
    — Tu crois ...
    ... que vous ne rendez pas fous les agents de l’ANR : Marc fait quatre cents kilomètres à moto pour aller de Kindu à Kasongo, c’est très dangereux là-bas, je le sais, c’est mon pays natal et je n’ose même pas aller saluer mes grands-parents ! Et toi, tu n’étais pas un peu dérangé pour partir de nuit pour Ilebo en pirogue à moteur depuis Dibaia et de refaire le même trajet le lendemain par une nuit sans lune, et sans phare. Quatre-vingt kilomètres, un trajet de huit heures sur le Kasai en crue : tu voulais mourir ? Les agents de l’ANR n’ont pas osé vous suivre !
    
    C’est vrai que j’ai eu un peu peur ces nuits-là, surtout quand on a heurté un arbre flottant entre deux eaux ! Je craignais surtout que les piroguiers ne devinassent que j’avais plusieurs milliers de dollars sur moi, j’aurais sûrement fini à la baille !
    
    — Et si tu étais mort ? s’écrie-t-elle.
    — Tu ne m’aurais pas connu, réponds-je faussement cynique.
    — Salaud !
    — Pardon, je ne devrais pas plaisanter avec cela. Tu as raison.
    — …
    — Mais si tu penses être avec James Bond, désolé de te décevoir ! J’aime l’aventure, mais je ne prends jamais de risques inconsidérés. Et, si je ne suis pas un saint, je ne trempe dans aucun trafic.
    — C’est ce que mon père m’a dit aussi. Il connaît très bien le professeur Masamba, conseiller du président, comme lui…
    — Oui, c’est quelqu’un de formidable, un des rares hommes de pouvoir intègres de ce pays !
    — Il s’est porté garant de votre loyauté envers la RDC(*), et le colonel Darin ...
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