Kinshasa - Limete
Datte: 28/11/2019,
Catégories:
fh,
hplusag,
douche,
amour,
Oral
Auteur: Jean Balun, Source: Revebebe
... parfois deux. Mais ce soir, je veux avoir toute ma lucidité et tous mes moyens pour cette rencontre tant attendue. J’ai le trac. Je tue le temps en buvant un coca, même si ce n’est pas l’idéal pour me détendre. Lydia a près d’une heure de retard, si les Mundélés – les blancs – ont la montre, les Africains ont le temps, c’est bien connu…
Enfin la voici, rayonnante, vêtue d’un jean taille-basse et d’un bustier noir mettant en valeur sa poitrine. Elle porte sa perruque à longs cheveux, elle sait que c’est ma préférée. Un peu de fard argenté illumine ses paupières à la limite de ses cils recourbés. Et quel sourire !
Elle se jette dans mes bras, je la serre contre moi. Étreinte qu’elle me rend. Après une seconde d’hésitation, nous nous embrassons sur les lèvres, un petit bécot, notre premier baiser. Je suis sur un petit nuage, comme un adolescent.
Je la mène à notre table, un peu à l’écart, près d’un bouquet de plantes luxuriantes, assez loin des haut-parleurs qui débitent de la rumba congolaise à tout va. Ici, on peut se parler à l’aise.
— Je suis vraiment heureux de te revoir ! Je t’attendais avec impatience !
— Moi aussi, mais il y a comme toujours des embouteillages sur la route de l’aéroport, et puis je devais d’abord voir mon père… qui te salue.
— Ton père ? Ah bon? Et que sait-il de nous ?
— Tout, je lui ai tout dit, nous sommes très proches, tu sais. Je suis son aînée, ne l’oublie pas !
— Justement les pères sont plutôt protecteurs avec leurs filles, alors ...
... une liaison avec un homme marié, un mundélé en plus !
— Mon père est au-dessus de tout ça ! Il dit toujours que le bonheur est un ensemble de perles qu’il faut saisir, une par une, quand elles se présentent. Elles feront un jour un beau collier de souvenirs qui berceront la vieillesse, même au prix de quelques remords. Il dit aussi qu’il faut être un saint pour regarder en arrière, l’âge venu, sans l’amertume des regrets.
— Ton père est un philosophe !
— C’est un homme bien, un sage respecté et très écouté. Même le président sollicite ses conseils !
— Et il ne craint pas que notre relation lui fasse du tort ? Les politiciens n’aiment pas les vagues !
— Ce n’est pas un politicien, et toi, tu es bien naïf, crois-tu peut-être que l’ANR(*) n’est pas déjà au courant de tout ? As-tu déjà oublié l’incident quand votre aide Joseph avait fait bloquer les frontières parce que, selon lui, vous ne lui aviez pas payé son dû ? C’est le colonel Darin qui vous avait tiré du pétrin, toi et tes amis, non ?
— Comment sais-tu tout cela ?
— Secret d’état ! dit-elle avec le plus désarmant des sourires.
— Mais encore ?
— Quand j’ai parlé de toi à mon père, que je lui ai montré les photos de nous sur le stand à Luanda, il a consulté ton dossier à l’ANR, enfin celui de ta société. Tu ne m’avais pas menti, tu as vraiment été partout. Sais-tu que certains endroits que toi et tes amis avez visités n’avaient plus vu de blancs depuis plus de dix ans !
— Cela fait partie du charme de ce métier, ...