De l'habit au moine - Histoires de Sexe

De l'habit au moine

... qui était le plus souvent le cas. C’était le crépuscule, et le lieu était en train de prendre l’aspect sinistre que Marc avait décrit dans son récit. Il vit Mathilde frissonner.

— Vous avez déjà vu des prostituées à cet endroit ?
— Jamais ! MLF ne serait jamais allée seule dans un endroit connu pour ce genre de choses, donc il fallait que ce soit un endroit inattendu. Pour le coup, c’est de la pure fiction.
— Je vais faire un tour, dit Mathilde, surprenant Marc.

Elle ouvrit la portière, s’avança jusqu’au parking, qu’elle parcourut dans sa longueur. Après quelques pas, sa démarche, qu’elle forçait à être lente, devint un peu plus naturelle. Elle revint, puis recommença. De dos, c’était plutôt bien. Et même très bien, lorsqu’elle ralentit encore et adopta un déhanchement un peu plus marqué. Marc s’inquiéta un peu, si elle continuait, elle risquait vraiment qu’un automobiliste s’arrête et vienne aux renseignements. Était-ce ce qu’elle recherchait ? Son côté perfectionniste la conduisait-elle à pousser son entraînement jusqu’à l’étape suivante, celle du contact avec un client ?

Finalement, elle revint à la voiture et ouvrit la portière. Elle semblait bien plus à l’aise que quelques minutes plus tôt. Marc réalisa qu’elle avait utilisé sa promenade improvisée pour entrer à nouveau dans son personnage.

— Allons au Bois-Savot.

Dix minutes plus tard, ils s’engagèrent dans la petite route qui menait à la base de loisirs du Bois-Savot. L’été, on y trouvait de nombreux ...

... amateurs de baignade et de distractions nautiques. Dans la journée, le week-end, c’était un lieu de promenade familial. À la tombée de la nuit, un samedi de mars, nul ne s’y rendait sans intention trouble.

Marc ralentit en passant devant quatre ou cinq jolies filles brunes.

— C’est ici qu’on les trouve, on ne peut pas les manquer…
— Et leurs clients, elles les emmènent où ?
— Dans les buissons alentour, je suppose. Ou la maison en ruine.
— Vous n’avez jamais utilisé leurs services ?
— Non. Déjà, l’hygiène dans ces conditions… Vous connaissez cette chanson « au suivant » ? Je n’aime pas suivre qui que ce soit. Et puis, le sexe avec une femme sans désir, cela n’a aucun intérêt, autant une poupée gonflable.
— Et avec Marie-Claire ?

Marc réfléchit une seconde.

— Ce serait différent. C’est pour cela qu’elle avait de la valeur…

Ils arrivèrent au bout de la route. Il y avait peu de monde. Marc se gara sur l’un des parkings situés à droite de la route, où se trouvaient deux voitures.

— De l’autre côté, il y en avait plus, remarqua Mathilde.
— Les parkings à gauche de la route, ce sont les homos. Le voyeurisme est possible, mais vous n’intéresserez personne.

Mathilde se tut. Ils apercevaient des ombres dans chacune des deux voitures.

— Qu’attendent-ils ?
— Qu’il y ait un peu plus de monde, je pense.

Peu après, une nouvelle voiture arriva, et se gara entre les deux autres. Ses phares s’éteignirent.

Après deux minutes d’inactivité, Marc dit :

— La ...