De l'habit au moine - Histoires de Sexe

De l'habit au moine

... finir par vous attirer des ennuis. Nous allons changer d’endroit.

Mathilde semblait un peu déçue. Elle ouvrit la bouche, faillit dire quelque chose, puis se tut. Marc reprit :

— Je vous explique en route. Allons-y…

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°

Samedi, 18 h 30

Ils rejoignirent la voiture. Marc mit le sac à main dans le coffre. Ils n’en avaient plus besoin, et étant donné son précieux contenu, mieux valait éviter de le voir disparaître.

— Nous allons au Bois-Savot. À la tombée de la nuit, un samedi soir, on y trouvera sans doute de l’activité. Nous avons de la chance, il ne fait pas froid.
— Quelle activité ? Vous voulez dire des prostituées ?
— Il y en a toujours, même la journée, mais elles sont en groupe, toutes vers le même endroit à l’entrée de la route, pour se protéger mutuellement. Elles sont très organisées… Je ne vous amène pas là, si vous sortez et vous promenez devant elle dans cette tenue, cela se terminera en bataille rangée. On jettera un coup d’œil en passant, mais nous allons aller dans le parking de la base de loisirs. Il y a pas mal d’homos, mais aussi des couples, des voyeurs, un peu d’échangisme opportuniste. C’est très variable, je ne peux rien garantir, je n’attends non plus rien de très précis de votre part, mis à part agir comme si ce type d’environnement vous attirait. On improvisera…
— Je me sens mal à l’aise…

Marc se devait de la rassurer.

— Je suis sûr que vous allez parfaitement vous débrouiller. Vous êtes toujours à la hauteur ...

... dès que vous entrez dans l’action.

Mathilde croisait les jambes et se tortillait nerveusement. Marc réalisa, un peu surpris, que son malaise semblait bien plus physique que mental. Soudain, il réalisa.

— Vous n’avez pas de, euh… je veux dire, vous ne portez que des bas ?
— J’ai voulu faire comme mon personnage, dit Mathilde d’un air penaud. Mais ce n’est pas si facile.
— Vous n’aviez pas l’air d’y penser en allant au bar, tout à l’heure ?

Mathilde devint rouge vif.

— Je l’ai enlevée en allant aux toilettes, sur place. Avant, j’y avais bien pensé, mais je n’en ai pas eu le courage. Au bar, sur le moment, c’était plus naturel.

Marc se rappela qu’elle n’avait manifesté aucune gêne en venant le retrouver à sa table, après son bref échange avec blouson-de-cuir. À ce moment-là, elle était encore dans le feu de l’action. Depuis, elle était sortie de son personnage.

— C’est une bonne chose, dit-il, en pensant qu’elle faisait vraiment de gros efforts. Avoir l’air nerveuse est tout à fait normal, vu les circonstances, et la gêne peut facilement se transformer en une forme d’excitation… Je veux dire, corrigea-t-il précipitamment, être perçue comme telle.

Ils entrèrent sur la voie rapide qui allait les amener vers l’autoroute et le Bois-Savot.

— Nous allons passer devant la station-service, remarqua Mathilde. Vous pourriez vous y arrêter quelques minutes ?
— Ok, si vous voulez.

Marc se gara sur la place située à côté de la boutique. Le parking était vide, ce ...