Les moches sont les pires des salopes - Histoires de Sexe

Les moches sont les pires des salopes

... sont alanguis d’une bienheureuse fatigue, d’une délicieuse asthénie, et mon ventre – ah, mon ventre – est empli d’une exquise irradiation ; il me semble renaître guérie.

Puis se frottant les yeux, l’air incrédule elle ajouta :

— Ma virginité ne t’a-t-elle pas trop… choqué ?
— Choqué n’est pas le mot : ébahi conviendrait mieux. Tu m’as parlé d’anachronisme, et je me demande encore comment tu as, dans le contexte ambiant, prolongé si durablement cet état.
— Que fais-tu donc des saints préceptes de la religion ? Bien sûr, je plaisante ! S’il n’avait été qu’eux pour me retenir, je serais traînée depuis des lustres. Il y eut d’abord l’épisode que je t’ai rapporté hier qui me couvrit de ridicule. Quelques flirts très décevants où je servis de pis-aller et à l’issue desquels on me délaissa pour de plus brillantes créatures. Il y eut ensuite la maladie, la longue et pénible agonie de ma mère qui tourna mes inquiétudes vers d’autres domaines que vers celui-ci qui ne m’avait valu que déboires. La période de deuil et de regret qui suivit ne fut guère propice aux aventures galantes, et surtout m’accabla de mille autres obligations car il me fallut terminer mes études tout en secondant mon père et en assumant mes premières responsabilités sérieuses. Enfin, les rares hommes qui se sont intéressés à moi m’ont semblé poursuivre d’autres desseins que de pourvoir, oh, je ne dirai pas à mon bonheur mais à mon plaisir seulement, et je suis sûre que l’aveu de ma maladie les aurait ...

... effrayés jusqu’à les faire fuir.

Elle fit monter notre petit déjeuner que nous consommâmes dans le rayon de soleil qui baignait notre chambre, elle, nue sur mes genoux. Nous grignotions dans la même assiette et partagions la même tasse. Ce fut l’un de ces instants un peu puérils mais charmants qui, plus que les délires charnels, soudent la complicité de nouveaux amants. Elle babillait sans interruption sur tout, sur rien surtout, et m’emplissait les oreilles d’un ramage de rossignol. La scène ne s’acheva que quand les provendes firent défaut.

— Je te propose de me découvrir aussi affreuse que je puis l’être en allant nous détendre au sauna. Je t’en préviens : l’alternance des chauds et des froids renforcera les effets de cette enlaidissante affection qu’on affuble, hasard étrange, d’un fort joli nom ; je parle de ma rosacée. Mais après m’être prêtée pour toi au jeu de la blanche vestale, il est temps que je remplisse celui de la cochonne rubiconde.

Elle n’enfila aucun maillot de bain et se contenta de passer un long peignoir qu’elle ne boutonna que sommairement. Malgré mes réticences, je ne pus faire moins que de suivre son exemple. Pieds nus, avec une promptitude que je ne lui connaissais pas, elle me tira jusqu’au centre aquatique qui rassemblait deux piscines, un hammam, des cabines à vapeur, un sauna, des douches froides et chaudes, des secteurs réservés aux soins et que sais-je encore. Curieusement, personne ne fréquentait cet espace qui participait pour beaucoup à la ...