1. La mangeuse d'hommes


    Datte: 07/11/2019, Catégories: fh, bain, campagne, amour, lettre, historique, lettres, historiqu, Auteur: Asymptote, Source: Revebebe

    ... câlineries et embrassades sur les rondeurs enchantées de ta poitrine, les moiteurs de ton entrecuisse, la raie sublime qui barre ta croupe, les onctuosités de ton ventre et les saveurs délicates de ton cou. J’ai butiné tes nectars sans oser toutefois pousser mes investigations jusque là où m’aiguillonnaient mes désirs et sans doute les tiens également, est-on bête parfois !
    
    Tremblante, tu vagissais doucement. Quand je t’ai pénétrée, ta vibration s’est intensifiée, ta sereine plainte s’est amplifiée et tu as crié ton bonheur si fort que j’ai dû te bâillonner d’une main pour que tu n’alertes pas toute la maison. Ce fut long et savoureux ; tes trémolos m’indiquaient les inflexions de ton plaisir, tu as joui plusieurs fois avant d’atteindre à un orgasme dévastateur peu après que je me fus épanché en toi. De la petite mort, nous avons sombré dans un grand sommeil bercé par les arômes de nos effusions et des songes de félicité.
    
    Le samedi matin nous sommes restés nus, terrés dans mon galetas, nous irradiant de nos chaleurs, nous agaçant de nos désirs, nous effleurant de caresses tantôt pudiques, tantôt lubriques. Et à nouveau, je t’ai prise sauvagement, sans trop de respect, mais tu étais plus que consentante. De longs moments aussi je suis resté ma tête appuyée sur ton ventre et ma main égarée dans les crins (l’écrin, je ne sais) de ton pubis embrasé.
    
    À quatre heures, après un frugal repas pris tardivement, nous étions étalés sur mon lit et nous étourdissions de tendres, ...
    ... légers et suaves baisers dans les préludes d’une étreinte plus impétueuse lorsqu’un sinistre battement de cloche a retenti. Dans l’accord que nous nous apprêtions à célébrer, il a résonné en complet contretemps comme une calamiteuse fausse note altérant nos émois. Tu t’es jetée dans mes bras, frissonnante et apeurée, comprenant, dès ce coup de semonce, ce que je me refusais obstinément à concevoir. Il fut aussitôt suivi d’une interminable et monocorde litanie en laquelle il nous fallut bien entendre le tocsin. Les percussions de cette grêle nous laissaient stupides, désemparés, sans voix et pétrifiés. Nous nous bornâmes à resserrer nos embrassements. Je souhaite aux générations futures de ne jamais être arrachées aux prémices d’amour par le son lugubre du glas.
    
    Longtemps après la fin de ce funèbre signal nous demeurâmes ainsi blottis, enchâssés l’un dans l’autre tandis que de grosses larmes, gonflées d’inquiétude, roulaient sur tes joues blêmies. Enfin, des heurts furieux ébranlèrent ma porte et nous tirèrent de cette léthargie. Enfilant ma robe de chambre, j’allai l’entrebâiller à Sylvain, mon collègue, qui tout excité confirma en criant ce que nous savions déjà : « Je viens d’aller voir, c’est la mobilisation générale, nous partons dès demain. » Encore, mille fois, nous nous sommes silencieusement enlacés puis tu t’es lentement rhabillée. Avec d’infinies précautions, je t’ai reconduite jusqu’à cette issue discrète qui s’ouvre sur la campagne d’où tu t’es envolée. Tu ne ...
«1...345...21»