Les années d'internat
Datte: 02/11/2019,
Catégories:
ff,
jeunes,
école,
douche,
volupté,
init,
journal,
ecriv_f,
Auteur: Patricia, Source: Revebebe
... Boutchou », mascotte adorée de toutes pour sa gentillesse, sa douceur, sa serviabilité. Elle était ma voisine de lit. Nous étions une quarantaine dans le dortoir des terminales. Les lits, groupés par deux dans des boxes, étaient séparés par des cloisons de bois ciré d’à peu près 1,60 m. Deux lits de fer blanc, deux tables de chevet de noyer recouvertes d’une petite plaque de marbre. Deux petites commodes de chêne cirées avec chacune trois tiroirs ornés de boutons de porcelaine blanche. Maman, qui avait fait toute sa scolarité dans cet institut, avait déjà eu le même mobilier.
Au fond du dortoir, une petite loge avec de grandes vitres fermées par des rideaux de toile écrue. Au moindre bruit, après l’extinction des lumières, le rideau s’écartait, laissant apparaître l’ombre de la maîtresse d’internat et le toc-toc menaçant de son index contre la vitre. Le moindre « Mesdemoiselles, du silence s’il vous plaît ! », lancé dans la pénombre du dortoir suffisait à provoquer un trot de pieds nus sur le plancher suivi d’un concert de grincements de sommiers.
Une fois les lumières éteintes, Clémence et moi-même, partageant la même passion pour la lecture, plongions sous nos draps pour lire, à la lueur d’une lampe électrique, Tilly, Laclos, Casanova… Nos chers interdits du XVIIIe siècle que nous subtilisions dans l’enfer des bibliothèques paternelles.
Nous étions à quelques semaines des vacances d’été… Les lourds rideaux de velours cramoisi parvenaient à peine à obscurcir le ...
... dortoir. Un peu plus de minuit, la journée avait été étouffante, le dortoir baignait dans une touffeur et nous, dans la moiteur de nos chemises de nuit. Les couvertures avaient disparu du dortoir depuis plusieurs semaines et nous avions du mal à supporter notre seul drap blanc. Dans le lit voisin, Clémence se retournait en soupirant. Elle avait d’un pied rageur repoussé le drap et trépignait.
— Tu dors, Boutchou ?
— Non, j’en ai marre, j’arrive pas… il fait trop chaud… et toi ?
— Non plus… Même pas un courant d’air pour se rafraîchir….
— Ce qu’il nous faudrait, c’est une bonne douche fraîche…
— Je crois que mademoiselle X dort… elle a éteint sa lumière…
— Nous devrions aller dans le bloc sanitaire des classes préparatoires… il est isolé… on n’entendra pas le bruit…
— Chiche ?
— D’ac…
Pieds nus sur le plancher, puis sur le carrelage, nous glissons vers les douches des Prépas ; la lourde porte donnant sur l’escalier principal grince à peine ; les deux petites souris blanches (j’aurais pu dire oies blanches… mais nous nous dandinions moins) se faufilent jusqu’au troisième étage. Nous entrons sans faire de bruit dans les douches ; à peine la porte refermée avec précaution, nous entendons des rires étouffés et le jet d’une douche… Clémence me tire par la manche.
— Filons, me chuchote-t-elle…
— Non… attends… elles font la même chose que nous… elles ne diront rien…
Clémence accrochée à ma manche me suit sur la pointe des pieds. Nous nous approchons lentement du seul ...