1. Les années d'internat


    Datte: 02/11/2019, Catégories: ff, jeunes, école, douche, volupté, init, journal, ecriv_f, Auteur: Patricia, Source: Revebebe

    Pourquoi confier à l’écriture le soin de conserver ses souvenirs… C’est en lisant « Parle-moi du troisième homme » de José Carlos Llop que le besoin d’écriture s’est imposé à moi. « La mémoire, comme le rêve, dilue les couleurs, la mémoire est comme une photographie exposée au soleil ».
    
    À peine la trentaine et déjà l’envie de ne pas perdre les photographies de ces années qui m’ont lentement éduquée à la sensualité. Beaucoup de souvenirs se sont déjà dilués. Les plus nets, ceux dans lesquels s’inscrivent les linéaments de ce libertinage dont je fais aujourd’hui profession de foi, restent ceux de mes dernières années de pensionnat. Sept longues années en lointaine banlieue parisienne, à la limite de la Seine-Maritime. Un week-end sur deux à la maison et encore… du samedi 17 heures, après le devoir surveillé, jusqu’au dimanche soir 20 heures, heure limite de rentrée… Sept années où j’ai fait innocemment l’apprentissage de la vie, la découverte de l’amitié, de mon corps, du plaisir… Sept années qui comptent dans la vie d’une femme et dont je ne regrette pas une minute. Cela peut paraître surprenant, mais ce sont de très belles années. Enfermée volontaire dans une prison dorée, sorte d’abbaye de Thélème… près de 180 filles, toutes classes confondues, avec pour geôlières une poignée de religieuses et quelques maîtresses d’internat. Ces dernières, pour la plupart des étudiantes ravies de se faire un peu d’argent de poche en surveillant une étude du soir et un dortoir, ...
    ... comptaient aussi quelques vieilles filles rancies…
    
    Jusqu’à la classe de première, je dois avouer que j’avais tout de l’oie blanche. Elevée dans une stricte observance des règles de la bienséance bourgeoise, je ne me posais pas trop de questions sur la vie… Il circulait, bien sûr, des rumeurs chuchotées sur les amitiés particulières qu’entretenaient quelques filles… ou sur l’intérêt, tout aussi particulier, que l’on prêtait à certaines religieuses ou maîtresses d’internat pour la fraîcheur de notre jeunesse… Globalement, le monde me paraissait simple, radieux, angélique…
    
    Bien sûr, les premières transformations de mon corps à la puberté m’avaient posé question… mais nous étions toutes dans le même cas ; la naissance de nos seins… le premier duvet sur notre pubis… nous en parlions, nous les comparions même, sans arrière-pensées… J’avais, depuis la sixième, Clémence pour amie et confidente. Il faut avoir été en internat pour comprendre la forme d’amitié qui s’y noue entre deux jeunes filles de dix-neuf et vingt ans… J’aime le mot anglais de « sorority »… Je n’arrive pas à le traduire… Il est fait d’un mélange indicible de confiance, d’abandon, de sincérité, de quasi-gémellité… Joies partagées, rires, pleurs, têtes sur l’épaule, cheveux emmêlés, tailles enlacées, mains nouées, secrets chuchotés, sourires complices…
    
    J’étais en terminale, Clémence était – et est toujours - aussi blonde que je suis brune, un peu plus petite, plus menue, peau diaphane, yeux gris pers, surnommée « ...
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