La danse de Salomé
Datte: 28/10/2019,
Catégories:
danser,
Voyeur / Exhib / Nudisme
poésie,
exercice,
historique,
historiqu,
Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe
... fait palpiter, trembler et chanceler, victime comblée d’un sortilège confusément souhaité. La tempête lâche enfin ses premières gouttes, immenses, de sombres mélancolies gonflées qui s’écrasent sur sa face effarouchée y roulant en épais sanglots englués de fard.
Des convives le délire s’exaspère ; cet interminable effeuillage en aurait énervé de moins libertins et ils s’agacent sur le gril de leurs impatiences réfrénées. On braille et vocifère, on se trémousse odieusement tandis que menaçant, autour d’elle, le cercle on resserre. Elle frissonne, offerte désormais, vierge pâle et nue, vulnérable et exposée, d’une unique et dérisoire enveloppe caparaçonnée, aiguisant toujours davantage l’obscène appétit des prédateurs. Elle devine que sa moindre bévue sonnera l’hallali et augure que c’est à son sacrifice qu’ils aspirent. Elle comprend que cette danse ne doit ni ne peut se terminer car elle n’aura pas plus tôt ses entrechats achevés et son dernier voile retiré qu’elle deviendra la proie des fauves exacerbés. Elle a déjà observé des charmeurs de serpents et conçoit que là, elle en tient le rôle bien qu’ignorant comment sur ces reptiles le panier refermer. À leurs libidineux délires seul Hérode peut la soustraire.
Vers lui sa danse glisse mais elle le découvre plus congestionné et rubicond que les autres et l’entend implorer : « Salomé, de grâce ce voile, écarte ce maudit voile. » Elle réalise qu’il sera premier à l’écharper et se recule pour pavoiser dans l’orbe ...
... aveuglant des torchères, affublée de sa seule altière et ardente nudité, puis revient vers lui accablante comme les félicités de l’enfer.
Hérode à nouveau de l’adjurer : « Tout ce que tu souhaiteras, Salomé, serait-ce de mon royaume la moitié, si tu quittes cet odieux voile. » De puérils colifichets, fussent-ils « la moitié d’un royaume », elle n’ambitionne nullement. Son unique vœu viserait à détourner les fureurs présentement à peine contenues de la foule. Il lui faut les esprits effaroucher et les emplir d’une frayeur épouvantée. Se souvenant soudain de la lancinante et vaine requête de sa mère, elle retourne vers son beau-père et, dans une déférente révérence, la tête du Baptiste requiert, ici, sans délai. En ce palais lui seul en effet commet l’irréparable faute de ne la point désirer.
Hérode, une courte et interminable minute hésite, puis obtempère ; bourreau, billot et condamné, promptement, sont alors amenés. Salomé face à l’exécuteur s’est rangée et quand la lame acérée décolle la victime propitiatoire, elle tombe l’ultime voile et du sang, d’abondance par la carotide éjecté, se vêt et se pare, tunique écarlate à l’incarnat de sa peau accordée.
Une terreur sacrée étreint l’assistance médusée. Elle se penche pour ramasser ce chef bafoué et se fait ainsi entièrement asperger d’une sanglante giclée. Au bourreau elle arrache son arme et d’un pas ferme regagne le centre de l’estrade. Là, elle risque quelques pesantes foulées mais la flamme blanche s’est en rouge fanal ...