La danse de Salomé
Datte: 28/10/2019,
Catégories:
danser,
Voyeur / Exhib / Nudisme
poésie,
exercice,
historique,
historiqu,
Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe
... passagèrement éprise, puisse se faire offense. Ce silence pesant, chargé de louches équivoques, le lui révèle.
Le peuple courtisan resserre et replie ses rangs, ébahi par cette vibrante hallucination. Les mâles à l’œil lubrique et concupiscent, époumonés, halètent bruyamment et bavent sans gêne avec des mimiques de carpes extraites de l’eau. Eux, qui n’imaginent le plaisir que vénal et corrompu, sont attendris par tant de délicatesse mais n’en forcent pas moins, conjointement, leurs compagnes à des attouchements libidineux. Les femelles la haïssent, débordantes d’une irrévocable animosité. Elle leur fait découvrir et maudire l’accablante pesanteur de leurs mamelles, l’empâtement gluant de leur bedaine, l’ampleur outrée de leur hanche, l’énorme bouffissure de leur croupe et la distension pâteuse de leurs cuisses. En outre elle a ressuscité en elles, indûment tant qu’inexcusablement, des espérances et des rêves depuis des lustres oubliés et enterrés. De leurs hommes enfin, elle a attisé pour des tendrons les appétences si bien que longtemps durant, quand ils les étreindront distraitement, elles sauront que c’est en ses bras chimériques qu’ils convolent.
Sa mère l’en avait avertie : « Tu les dompteras ! » et la foule salace est à présent envoûtée. Elle devrait s’en tenir là et dignement se retirer. Une seconde elle hésite… Toutefois un obscur et mystérieux instinct l’aiguillonne et sa mère, impitoyable, elle entend qui susurre : « Surtout ne t’arrête sous aucun prétexte. ...
... » Elle pressent pourtant qu’un seul pas de plus l’entraînera dans une spirale infernale que rien ne saura briser, qu’un voile de moins l’obligera à tous les enlever. La tentation cependant se fait irrésistible de céder à ce vertige inconnu qui, en fourmillement diffus combinant désir et crainte, s’arroge et son esprit et ses chairs. Dans l’ombre elle reflue un bref moment puis s’en dégage, s’avance et d’un seul mouvement s’écorche de deux étoles encore qu’elle porte en une ronde triomphale au bout de ses bras éployées. Sous ses dernières voilettes, elle sent ses seins menus et si frêles, s’affermir jusqu’à s’irriter d’une crampe douloureuse qui les raidit. Une brûlure au creux de son ventre s’est éveillée et une flamme, dont avant ce soir elle ignorait tout, embrase ses entrailles, progresse inexorablement pour incendier son sexe d’une envie aussi imprécise qu’impérieuse.
Les rugissements et mugissements ont repris de plus belle mais à l’invective ont succédé l’exhortation et l’invite malsaines. Un damoiseau outrecuidant complètement dévêtu se redresse en titubant et la hèle pour son pénis en précaire érection lui désigner. Elle n’en a cure et sous ce nouveau déluge d’insanités saute si haut que d’une frange de son voile elle coiffe une vasque embrasée. Un bref instant la voici en oiseau de feu transformée, par les éclats de la foudre environnée en déesse astrale métamorphosée. De ses muscles le contrôle lui échappe et elle se sent possédée par une transe hallucinée qui la ...