La danse de Salomé
Datte: 28/10/2019,
Catégories:
danser,
Voyeur / Exhib / Nudisme
poésie,
exercice,
historique,
historiqu,
Auteur: Laure Topigne, Source: Revebebe
La chronique commence un soir torride quand l’orage s’enfle, asphyxiant la ville écrasée de chaleur et que déjà des éclairs jettent leurs zébrures éblouissantes sur un horizon lourd de menaces.
En ce jour, Hérode a convié ses courtisans à un festin qu’il donne en l’honneur des vingt ans de sa belle-fille : la princesse Salomé. Celle-ci pourtant ne sera introduite qu’à l’issue de la fête, aussi pour l’instant, s’adonne-t-on sans retenue à ripaille. Il ne s’agit point là d’un banquet honnête, cérémonieux et protocolaire mais de sauvages bacchanales organisées autour d’une estrade à peine surélevée et d’un bassin qui, du firmament, reflète les sombres alarmes. Vautré au bord de l’eau sur des tapis luxueux étalant les raffinements et les fastes de l’Orient, parmi des coussins aux brocards somptueux, on dévore plus que de raison et surtout, on boit bien au-delà de la déraison.
Rivalisant avec un ciel qui disperse son ultime pourpre, des flambeaux, tout autour, se sont allumés pour incendier de leurs rougeoiements infernaux et sanglants cette effarante scène. Se presse là une foule de plus d’une centaine de personnes composée de vieux aristocrates accompagnés de leurs épouses, favorites, esclaves ou concubines auquel s’ajoute le peuple fourmillant de la valetaille, des échansons et musiciens. Tous ces notables sont maintenant abominablement ivres et ne s’écartent qu’à peine pour cracher et régurgiter abondamment, puis reviennent se gaver à nouveau. La touffeur ambiante se ...
... combinant à d’autres concupiscences les a dépouillés des toges ou robes et de lourds corps adipeux exsudant de répugnantes humeurs s’entremêlent à moitié nus parmi les riches étoffes et vêtements abandonnés. Les parfums subtils d’onguents onéreux et les fragrances capiteuses de la myrrhe se conjuguent à d’âcres odeurs de vinasse, de sueur et de vomissures. On échange de louches caresses, de gras baisers et un convive un peu plus aviné plante son couteau dans la cuisse d’une servante, puis sans vergogne, s’esclaffe de son geste. Tel spectacle effraierait bien des hétaïres totalement corrompues et journellement nourries aux sources du vice.
Hérode lui-même n’est pas en reste et délaissant sa chère Hérodiade, il lutine allègrement une jeune esclave. Il lui a arraché sa tunique et la malheureuse enfant dénudée, qui assure son service pour la première fois en ces lieux, pleure en silence tandis qu’il la fesse brutalement en se divertissant de ses détresses. Bien que le visage renfrogné par d’autres tracas, son épouse aussi se distrait avec deux mignons qui, fougueusement de bouche et de doigts alternativement, flattent ses tétons. La ménade est dépoitraillée et s’offre à leurs mains lestes tout en poursuivant une conversation entrecoupée de soupirs avec un barbon écarlate d’agitation qu’une courtisane costumée de ses seuls fards pourlèche énergiquement. Déjà certains convives saouls et repus s’assoupissent et ronflent bruyamment.
Hérode, qui ne souhaite pas se retrouver face à ...