1. Destination NP


    Datte: 16/10/2019, Catégories: fh, hplusag, inconnu, train, intermast, pénétratio, fantastiqu, initfh, Auteur: Domi Dupon, Source: Revebebe

    ... simplement nous euthanasier.
    — Au moins, nous aurons vécu cela avant de mourir. Et il nous reste quelques heures.
    
    Sans la lâcher, il baissa tous les rideaux et mit le verrou. Il l’entraîna sur la couchette…
    
    Il n’était pas loin de midi, une vague lueur blanchâtre filtrait entre le rideau et le montant de la fenêtre. Mélissa et Georges, tendrement blottis l’un contre l’autre, sommeillaient. Ils avaient longuement fait l’amour puis s’étaient raconté leurs vies consternantes. Georges ne regrettait plus ce voyage. Peu importe ce qui arriverait à la descente du train, ils avaient plus vécu ces dernières 24 heures que toutes les années qui avaient précédé.
    
    La même voix dématérialisée annonça le terminus. Ils sursautèrent, se désunirent, à contrecœur. Mécaniquement, ils se levèrent, s’habillèrent. Ils s’assirent, main dans la main, au bord de la couchette. Georges remonta le rideau. Le train glissait, silencieux, dans un paysage uniformément blanc. La neige et le brouillard en gommaient toute aspérité, toute perspective. Malgré le chauffage, un froid glacial les envahit. Mélissa serrait la main de Georges à lui faire mal.
    
    Le convoi ralentit. Les boggies malmenés par le freinage protestaient. Après une ultime secousse, la rame s’immobilisa au milieu de nulle part. Le même non paysage désertique, pas une construction, pas âme qui vive. Une dernière intervention de la voix désincarnée :
    
    — Terminus. Les passagers sont appelés à quitter le train et à rejoindre, sans ...
    ... attendre, le ponton. Ils devront présenter leur ticket au préposé qui les dirigera vers le bateau sur lequel ils devront embarquer.
    
    Ponton, embarquer, bateau ? Ils n’avaient pas atteint leur destination ? Mélissa et Georges quittèrent leur compartiment le cœur serré mais habités d’un bonheur inespéré. Ils descendirent sur un quai rudimentaire, vaguement dégagé. De hautes congères occultaient totalement l’horizon. Les voyageurs, hésitants, un peu perdus, suivirent la direction indiquée par de grandes flèches noires. Ils marchèrent jusqu’à une petite construction grise ; pas vraiment une gare, tout juste une halte.
    
    Mélissa et Georges, enfermés dans leur bulle, avançaient, étroitement enlacés. Leur sérénité contrastait avec l’air anxieux, la démarche mal assurée des autres passagers. À la hauteur du bâtiment, une large tranchée creusée dans la neige. Ils n’eurent d’autre solution que de la suivre.
    
    Ils atteignirent un embarcadère, qui venait d’être déneigé. Trois bateaux, à quai, bercés par une houle paisible. Un petit cabin-cruiser immaculé, une vieille jonque noircie par le temps encadraient un steamer d’un tonnage beaucoup plus important dont l’unique cheminée crachait de longs panaches de fumée. À quelques encablures du port, la mer semblait se noyer dans un sombre et dense brouillard.
    
    Soucieux, Georges observait le marin en uniforme qui dispatchait les arrivants vers les différents bateaux. Son inquiétude s’accentua quand le jeune homme et sa fille furent séparés. ...