1. Le chat obèse m’a regardé baiser sa maîtresse


    Datte: 30/12/2025, Catégories: #occasion, fh, taille, Oral Humour Auteur: Samir Erwan, Source: Revebebe

    Je suis ce qu’on appelle un « petit homme ». C’est ça. Ouais.
    
    Tu veux que je te parle des clichés ? T’as le temps ? Parce que j’en ai une étagère pleine. Littéralement. Les mecs comme moi, on a droit à tout le catalogue : mascotte rigolote, gnome de compagnie, chouchou à câliner, ou – mon préféré – « objet de fantasme underground un peu kinky, mais chut, faut pas le dire à maman ».
    
    Donc, je suis un nain, si t’as le courage de pas tourner autour du pot avec ton politiquement correct moite. Ceux qui veulent paraître polis disent : « personne de petite taille ». Ceux qui sont mal à l’aise marmonnent : « Euh… c’est comment qu’on dit maintenant ? ». Les enfants demandent à leurs parents si je suis un lutin. Les adultes, eux, évitent mon regard comme si j’allais leur voler leur taille moyenne et leur assurance fade.
    
    Oui, j’ai vu les films, les séries, les dessins animés. Oui, j’ai lu les blagues. Et non, je n’habite pas dans un champignon.
    
    Et pourtant, ce matin-là, au supermarché, c’est pas moi qui faisais rire. C’est elle.
    
    *
    
    Je suis au rayon épicerie, en train de choisir entre des pâtes sans gluten et une dépression nerveuse, quand une voix me tombe dessus – littéralement.
    
    — Excuse-moi, tu pourrais m’aider à attraper la farine là-haut ?
    
    Je relève la tête, prêt entre trois options à envoyer chier :
    
    1 – Non, j’ai pas encore mes ailes.
    
    Ou bien :
    
    2 – Tu crois que je suis Spider-Man ?
    
    Ou encore, lui répondre avec un sourire narquois :
    
    3 – Bien ...
    ... sûr, j’ai toujours rêvé de prouver ma virilité en escaladant des rayonnages.
    
    Mais là, je la vois. Grande. Enfin… normal, hein, vu mon point de vue, la plupart des gens le sont. Dégaine de meuf cool, mais pas trop. Une bouche faite pour dire des conneries et des choses sales. Des yeux ironiques. Et surtout : aucune pitié dans le regard. Juste un brin d’espièglerie. Je souris, mode autodérision activé :
    
    — Bien sûr. C’est d’ailleurs pour ça qu’on m’a créé. Attrapeur de farine en rayon 3. On a un syndicat, tu savais ?
    
    Elle éclate de rire. Un vrai rire. Pas le rire poli. Pas le rire gêné. Merde, je suis piégé.
    
    Je saute – littéralement – sur l’occasion et monte sur le rebord de l’étagère comme un Yamakasi mini-format. Je lui tends le paquet de farine avec un air triomphal.
    
    — Mademoiselle, votre butin !
    
    Et elle me remercie avec un clin d’œil, en disant :
    
    — Je te jure, je pensais que les elfes ne faisaient que Noël…
    — Je fais aussi les anniversaires et les enterrements de vie de jeune fille. Option strip-tease à mi-tarif.
    — Tentant.
    
    Elle me tend la main et je la serre. Sa paume est chaude, ferme. Elle ne surjoue pas. Elle ne m’infantilise pas. Elle ne me flatte pas non plus. Et ça, c’est rare. Suffisamment rare pour que je le note dans un coin de ma tête.
    
    — Alice, dit-elle.
    — Élias. Mi-homme, mi-vanne. Enchanté.
    
    Elle hésite, me regarde de bas en haut – ou plutôt l’inverse, ce qui change. Elle tapote son panier.
    
    — J’ai du vin, du fromage, zéro moralité ...
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