1. Les filles d'Artémis (1)


    Datte: 26/09/2019, Catégories: Divers, Auteur: Orchidée, Source: Xstory

    ... apparence de souillons, les princesses s’engouffrèrent dans la grande bâtisse de bois couverte de torchis.
    
    – J’apprécie de vous revoir une dernière fois, soupira la vieille femme affairée devant le foyer de l’unique pièce d’où s’échappait le fumet d’un ragoût de porc. Vos sourires me manqueront, mes enfants.
    
    Parthénia dans sa jeunesse avait allaité Lysippé jusqu’au sevrage. Les liens du sein à l’origine d’un attachement sincère, la tendresse de la paysanne s’était reportée ensuite sur les filles de la princesse comme celle d’une grand-mère bienveillante.
    
    Ainsi, au début de l’histoire qui embrasa les mondes à l’époque où les souverains de Kastanas tentaient de juguler la volonté de domination de Mycènes, Lysippé contempla avec bonheur sa progéniture embrasser les joues parcheminées de sa mère nourricière. Enfin, elle enlaça la vieille femme à son tour.
    
    – Je n’oublierai jamais ta générosité, ma douce amie, je m’en vais répondre à l’appel de l’Olympe.
    
    Les historiens retiennent les guerres d’hégémonie des rois grecs. Ils ont cependant oublié Lysippé, désireuse de forcer son destin sur le conseil d’Aphrodite, avec la ferme intention de libérer les femmes soumises aux caprices des hommes, indépendamment de leur condition ou de leurs origines.
    
    – Tu ne parais guère surprise des exigences de la déesse de l’amour, releva Parthénia incapable de se résigner.
    
    – Plus rien ne m’étonne de la part des divinités, ma douce amie. En fait, je ressens cette exaltation depuis ...
    ... toujours. Je ne saurais la contenir plus longtemps.
    
    Le sourire contraint sous un regard voilé, la petite vieille caressa la joue de Lysippé avant de déposer le brouet sur la grande table rectangulaire.
    
    – Je l’ai deviné à l’instant où je t’ai serrée contre moi. Tes filles semblent affamées, se reprit Parthénia, mangeons maintenant. Puis vous dormirez un peu.
    
    – Oui, soupira la princesse, nous chevaucherons une grande partie de la nuit.
    
    À l’instant de se préparer au départ après un après-midi de repos, Lysippé constata sans surprise la disparition de ses trois filles.
    
    – J’ignorais aussi la patience à leur âge.
    
    – Vous ne l’avez pas encore apprise, pouffa Sypsô complice.
    
    Celle-ci aida la princesse à enfiler son armure. Le lin durci à la chaleur remplaçait le bronze dont subsistait une feuille au niveau de la poitrine. Le cuir d’une large ceinture, à laquelle pendait le glaive fin, bardait le ventre. Un casque forgé à partir d’une plaque de bronze doublée de feutre parachevait l’accoutrement. Puis elle sortit dans la cour.
    
    Ses filles vêtues également d’une armure enfourchèrent leurs coursiers sous le regard des suivantes installées sur la banquette d’un chariot d’armes et de vivres, dans l’attente de solliciter les mules. Les alentours se couvraient déjà de pourpre crépusculaire, chacune vérifia son équipement une dernière fois.
    
    Les Grecs dans leur ensemble s’entendaient pour dénier ses vertus guerrières à l’arc, considéré comme l’arme des lâches ou un ...
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