Les filles d'Artémis (1)
Datte: 26/09/2019,
Catégories:
Divers,
Auteur: Orchidée, Source: Xstory
... de Mycènes. Ce dernier se prévalait d’unir à son profit les nombreuses cités-états de Grèce.
Lysippé dormait profondément en l’absence de son époux. Pamphile, le guerrier dont le seul nom faisait frémir, se réconfortait sans doute à la couche d’une des nombreuses courtisanes qui suivaient l’armée. L’adultère commis avec une certaine discrétion sitôt leur union consommée se pratiquait désormais à la vue de tous.
Était-ce la faute de l’épousée si leur fils disparu ne laissait pour héritières que des filles, trois princesses qui maniaient le glaive et le verbe avec une semblable dextérité, trois muses inspiratrices chantées par les poètes, dont les charmes célébrés au-delà du Mont Athos attiraient une meute de prétendants obséquieux prêts à sacrifier leur fortune en échange d’un lien royal ?
Non, Lysippé ne pouvait se satisfaire du destin cruel voué à sa progéniture de finir dans la couche d’hommes vaniteux à l’image de son époux, dans l’allégation d’alliances politiques. Les rois de Kastanas avaient depuis longtemps érigé la tradition de l’union forcée en acte de loi. Les excès de toutes natures perpétrés à l’encontre des femmes en ces temps immémoriaux témoignaient de l’idéologie malsaine qui submergeait l’humanité.
– Qui est là ? s’exclama-t-elle sur la défensive, convaincue d’une présence dans la chambre.
Un courant d’air se matérialisa au pied de la couche. La femme aux longs cheveux roux s’attacha à ramener le calme.
– Détends-toi, mon enfant. Je ...
... t’apparais en songe car nul ne doit connaître la raison de ma venue.
La déesse de l’amour n’avait pas visité la princesse depuis une quinzaine d’années, à l’occasion de la naissance de Danaé, la dernière fille de Lysippé. Alors Aphrodite avait entendu ces mots de la bouche même de sa protégée :
« Ma vie est une usurpation. Je suis venue au monde avec une âme de guerrière, non avec celle d’une épouse soumise et timorée. Le joug d’un homme ne saurait me combler, moins encore si celui-ci dispense ses faveurs à tort et à travers. Mon ventre ne portera plus d’enfants. »
Aphrodite en châtiment avait jeté un sort à l’impertinente, son fils Tanaïs avait peu à peu sombré dans la démence. Refusant de céder à ses pulsions, celui-ci avait parcouru le monde pour se jeter dans le fleuve qu’on nomme aujourd’hui le Don. Ce fait avait scellé le désamour entre la princesse et son époux.
– Qu’exiges-tu de moi, grande Aphrodite ? s’émut Lysippé soucieuse de connaître la raison de la présence divine. Quel dessein sournois se cache derrière la courtoisie de ta visite ?
– Pars pour l’Anatolie avec tes filles. Entraîne toutes les femmes que tu rencontreras dans ton sillage, elles deviendront sous ton égide de farouches guerrières. Mais n’oublie jamais, ton peuple devra se passer des hommes.
L’effet de surprise passé, la princesse réfléchit un instant.
– Pourquoi exiger l’impossible, serait-ce un autre châtiment pour une offense vieille de quinze ans ? Une nation ne peut se concevoir ...