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Apparences
Datte: 28/12/2025, Catégories: #policier, fh, Auteur: Amateur de Blues, Source: Revebebe
... n’apparaissaient que les criminels déjà condamnés entre trente et quarante ans, blancs, bruns, ayant une cicatrice visible en travers du front. Il y en avait beaucoup. Assis ainsi, penchés en avant pour mieux voir, ils étaient très proches l’un de l’autre. La lieutenante sentait la chaleur de la cuisse d’Antoine à travers leurs vêtements. Cela lui donnait le vertige. C’était la première fois qu’elle ressentait ce genre d’effet et elle avait du mal à comprendre ce qui était en train de se passer. Le jeune rugbyman ne semblait se rendre compte de rien. Il observait les criminels avec attention. Les relations de Déborah avec les hommes n’avaient jamais été simples. Dès l’enfance, elle avait vécu sa féminité comme une injustice et elle s’était battue pour être meilleure que les mecs, dans tous les domaines. Musculation, sports de combat, beuveries, grossièreté, elle avait lutté sur tous les fronts. Elle se serait bien passé des relations amoureuses, par contre. Cela ne l’intéressait pas vraiment. Mais avec sa plastique presque parfaite, elle fut courtisée, poursuivie et même aimée, même si elle ne faisait rien pour encourager les prétendants téméraires. Elle n’en trouva jamais un qui soit à la hauteur. Elle rangeait les hommes en deux catégories : les timides et les prédateurs. Chaque catégorie avait ses défauts rédhibitoires. Les prédateurs étaient obnubilés par leur propre plaisir et incapables de se mettre à la place d’une femme. Les timides perdaient tous leurs moyens ...
... au premier face à face et devenaient très ennuyeux. Pour finir, elle décréta que ce genre de jeux n’étaient pas faits pour elle. Elle se déclara donc lesbienne, bien que, dans les faits, il ne s’était jamais rien passé entre elle et une autre femme. Pourtant, ce jour-là, dans la petite salle de visionnage du commissariat, elle ressentait le désir impérieux de toucher cet homme et d’être regardée par lui. Mais s’il vit quelque chose d’important, ce n’était pas la policière assise à ses côtés. — Lui, là ! Oui, oui, attendez. Oh, je crois bien que c’est ce type-là qui traînait dans l’impasse hier après-midi. Et voilà. Heureux dénouement, témoin parfait. Il ne restait qu’à appréhender le suspect et à le faire parler. Mais il y avait l’autre émotion qui parasitait la réflexion. Le beau jeune homme se levait pour partir, sa mission de bon citoyen accomplie. — Merci, dit Deborah. Peut-être qu’on pourrait boire un verre ensemble, quand cette affaire sera bouclée. — Je regrette, fit nonchalamment le jeune rugbyman. Je vis en couple, vous comprenez, alors sortir avec quelqu’un que mon amie ne connaît pas, c’est compliqué. — Ce n’est pas… Je voulais juste… Laissez tomber, conclut finalement la lieutenante, rouge comme une cerise. Et elle regarda le dos carré de son témoin s’éloigner dans le couloir. Le suspect à la cicatrice avait une adresse en banlieue : chez sa sœur disait le fichier. La lieutenante s’y rendit dès qu’elle eut récupéré Enzo. Le type était dangereux, ...