Apparences - Histoires de Sexe

Apparences

... distante et elle essaya de faire avancer son enquête autant que possible. L’idée que cet Antoine Verlaine puisse être un complice du violeur ne l’effleura pas un seul instant. Pourtant, Enzo avait formulé cette hypothèse à haute voix dès le trajet de retour après le fiasco de la nuit. Après avoir vérifié son identité, elle entra dans le vif du sujet.

— Bien, Monsieur Verlaine, je voudrais d’abord que vous me relatiez votre version des faits.
— Je sortais de chez moi. Vous savez, j’habite juste à l’entrée de l’impasse où…
— Je sais.
— Je sortais donc pour aller retrouver des amis et je vois un homme avec un couteau qui vous ceinture et qui vous plante sa lame dans le cou. Donc, sans réfléchir, j’ai foncé. C’est tout.
— Vous êtes doué pour foncer.
— Je joue au rugby, c’est pour ça. Plaquer, je fais ça tout le temps.
— Vous sortez souvent retrouver des amis après minuit, Monsieur Verlaine ?
— Non, c’était exceptionnel. J’ai un ami qui joue au poker et cet idiot m’a appelé en urgence parce qu’il avait perdu beaucoup et qu’on lui demandait une caution pour le laisser rentrer chez lui. Voilà.
— Vous êtes un ami précieux, Monsieur Verlaine.
— Je ne sais pas. Mais Rémi est un ami d’enfance et il m’est, c’est vrai, très précieux.

Antoine la regardait de ses yeux clairs, et le ton manifestement flic qu’elle adoptait ne semblait pas l’émouvoir. C’était terriblement attirant.

— Venons-en maintenant aux informations que vous dites détenir. Nous avons besoin de tout ...

... ce qui pourra nous aider à mettre la main sur cet homme.
— Bon, voilà. Je n’ai pas réagi tout de suite, la nuit dernière, mais cet homme, je l’avais déjà vu.
— Ah. Quand ? Où ?
— Dans l’après-midi. Je rentrais chez moi avec des courses, il était peut-être 18 heures, et il était là, dans l’impasse, appuyé contre un mur, à fumer une cigarette. Je l’ai remarqué parce que personne ne se tient jamais à cet endroit, vous comprenez ? C’est sans intérêt. Bon, j’ai pensé qu’il avait un rendez-vous ou quelque chose comme ça et je suis rentré chez moi.
— Vous êtes sûr que c’est le même homme ?
— Oui, sans hésiter. Ou alors c’est vraiment extraordinaire. Cet homme a une cicatrice importante et très visible en travers du front. Vous croyez que, par hasard, deux personnes avec une grande cicatrice rouge sur le front peuvent passer le même jour dans mon impasse où je ne croise jamais personne ?
— Tout est possible par hasard, mais le plus souvent rien n’arrive qui n’ait une explication logique. Cet homme est peut-être fiché pour un délit ou un crime qu’il aurait commis antérieurement. Aussi, je vais vous proposer de visionner les visages des délinquants répertoriés qui ont ce genre de cicatrice. Vous pourriez peut-être l’identifier.

Les deux jeunes gens se retrouvèrent assis côte à côte à regarder défiler des portraits de criminels sur un écran. La pièce était minuscule et le silence était compact. Déborah trouvait qu’il manquait de sous-entendus. Selon les critères du témoin, ...