Journal d'un monstre 3 - Histoires de Sexe

Journal d'un monstre 3

... détour :

— De celui que tu voulais faire craquer, le père de l’enfant, il est toujours là ?

J’ai froncé les sourcils, me demandant où il voulait en venir, quel était le but de cette question étrange et inattendue.

— Pourquoi tu me demandes ça ? Qu’est-ce que ça peut faire ?

Il a soupiré, puis il est passé à autre chose. On est rentrés un peu tard, et nous nous sommes endormis l’un contre l’autre, comme avant. Je ne vais pas mentir : une partie de mon esprit était ailleurs. Je pensais à Vincent, à Lilou. Je ne peux pas m’en empêcher. Samedi me semble encore si loin… J’ai tellement hâte.

Aujourd’hui, j’avais rendez-vous avec ma psy. Dès que je suis entrée dans son bureau, je lui ai tendu ce cahier, où je consigne tout. Je n’avais même pas besoin de parler, tout était dedans.

Elle a levé un sourcil en le prenant, presque intriguée. Je me suis assise en silence, les mains posées sur mes genoux, en la regardant parcourir quelques pages. Son visage était impassible au début, concentré. Puis, peu à peu, j’ai vu ses sourcils se froncer légèrement, une expression qui oscillait entre surprise et réflexion.

Quand elle est arrivée vers la fin du récit où il est souvent question de Vincent et de Lilou, elle a marqué une pause, m’a jeté un coup d’œil, mais n’a rien dit. Arrivée aux dernières lignes, elle a lâché un souffle bref, peut-être un rire discret, avant de relever les yeux vers moi :

— Isabelle, c’est très intéressant.

Elle a posé le cahier devant elle, ...

... visiblement cherchant ses mots :

— Je dois dire, ces dernières semaines montrent une évolution… inattendue.

J’ai souri, un peu nerveuse.

— Dans quel sens ?

Elle a pris une inspiration, joignant les mains, et m’a regardée avec sérieux :

— Vous êtes en train de naviguer dans un équilibre extrêmement précaire. D’un côté, il y a cette tentative de réconciliation avec Patrice, où vous cherchez à reconstruire quelque chose qui semble avoir été abîmé depuis des années. De l’autre, il y a cette relation avec Vincent, qui est bien plus qu’une simple échappatoire. Ce n’est pas seulement lui, d’ailleurs. C’est aussi cette enfant.

Elle a marqué une pause, son regard s’adoucissant :

— Vous êtes en train de redéfinir votre place, Isabelle. Dans votre mariage, dans votre famille… et peut-être même dans votre propre histoire.

Je n’ai rien répondu. Elle a poursuivi :

— Je ne vais pas vous juger, mais il y a des choses que vous devez vous demander. Jusqu’où voulez-vous aller avec ces deux relations parallèles ? Est-ce vraiment durable, pour vous comme pour eux ? Et surtout… que voulez-vous pour vous-même ?

Et elle m’a tendu le cahier.

Elle avait raison, évidemment. Mais ce dilemme, je ne suis pas sûre de vouloir y réfléchir tout de suite. Est-ce mal de simplement ressentir, sans tout analyser ? Je n’ai pas encore les réponses, mais une chose est sûre : demain, je serai avec Vincent et Lilou et j’ai hâte, et ça, ça me semble déjà une évidence sur ce que je veux ...