Emprise - Histoire de Laura Ch. 10 - Histoires de Sexe

Emprise - Histoire de Laura Ch. 10

... philanthropie. J'les ouvre sans traîner, comme on ouvre une boîte de conserve. Faut pas que ça traîne. Faut que j'aie l'air investie. Sérieuse. Docile.

Bon, on reprend encore. Ana. Dix-neuf ans. Colombienne. La photo : Un putain de visage d'ange. Les grands yeux sombres, profonds, qui te fixent comme si elle lisait en toi. Fine, presque fragile. Genre de beauté qui ferait pleurer un ministre. Et ces cheveux... noirs, longs, brillants comme l'obsidienne. Ils adorent ça, ces enfoirés. Le contraste entre l'innocence du visage et le fantasme qu'elle déclenche. Une perle. Ils vont s'arracher pour la "former". Mais avant, c'est moi et les éducateurs qui allons la former.

La deuxième, Maï. Dix-neuf ans aussi. Thaïlandaise. Photo : Petite chose sèche, le corps fin comme un fil, sauf pour les seins. Des seins énormes sur un gabarit d'adolescente. Ça crie l'exotisme, le fantasme d'homme blanc en manque de soumission orientale. Ils vont s'régaler.

Je classe les papiers et les photos avec soin, sans laisser mes mains trembler. Jacques est là, quelque part, planqué derrière un écran. J'sais que j'suis épiée. Marie aussi, sûrement. Ils aiment observer. S'assurer que je joue toujours le rôle. Que j'suis bien dressée. Et s'ils doutent, ils n'ont qu'à appuyer sur un bouton pour que Linh en paie le prix.

J'pensais que ça allait me détruire. Mais contre toute attente, c'est l'inverse. On s'est rapprochées. Comme jamais. Avec ma mère. À force de douleur, à force de silences ...

... partagés dans ce putain de donjon humide, à force de câlin, de baisers et de jouissance partagées, un lien s'est formé. Un truc brut, sincère, insolite. Un truc bizarre, mais réel. Elle a fini par comprendre que j'étais pas une traîtresse. Que j'étais restée pour elle. Que j'endure tout ça pour qu'elle reste en vie.

J'pense à elle tout le temps. On m'a accordé le droit d'aller la voir autant que je veux. Et j'ai tout le temps envie de la voir. Même si je le peux, j'irai dormir avec elle tous les soirs. Ils croient que ça me tient. Et c'est vrai. Mais c'est aussi ma force. J'me lève tous les matins avec une seule idée : tenir. Pour elle. Pour qu'un jour, j'trouve la faille. Et que tout ça s'effondre.

Y'a un an, j'étais encore cette femme-là. Laura Mucadam. PDG, start-uppeuse, carnassière. J'portais des talons de douze et j'écrasais les réunions comme on écrase une clope. J'avais ma boîte, ma liberté, mes choix. J'avais le contrôle. Puis y'a eu la bascule.

J'me revois encore. Marie qui me soumet doucement, insidieusement. Et puis Jacques. Toujours lui. Son calme glaçant. Sa voix posée. Sa queue raide dans ma bouche, puis dans ma chatte et enfin dans mon cul. Le genre à te décortiquer le corps et l'âme sans hausser le ton. Et Marie... Marie la douce. Marie la perfide. Elle caressait pendant qu'il tranchait. Le duo parfait pour me démonter.

Les séances, ensuite, après l'enfermement avec ma mère, après que Joséphine eut réussi à me faire baiser ma mère... J'sais même plus ...