Laisse-moi rester - Histoires de Sexe

Laisse-moi rester

... crois que… je fonctionne comme ça quand je me sens bien, répondit-il en rougissant encore.

Pas de honte. Plutôt un petit recul.

— Moi, je suis pas à l’aise avec ça… confia-t-elle. Les rapports trop déséquilibrés, je m’en méfie. J’ai toujours préféré ce qui est clair. Égal.

Elle ne dit pas ça pour l’éloigner, c’était juste un constat. Une ligne douce, mais nette. Elle retira cependant ses pieds et ils restèrent ainsi. Assis l’un à côté de l’autre. Un long moment. Muets.

Le soleil avait presque disparu lorsqu’elle brisa le silence :

— Demain, même heure. Mais apporte du raisin.

Et elle se leva.

Pas un mot de plus.

Mais dans ce « demain », il y avait une promesse. Ou une permission. Peut-être aussi un début. Il ne savait pas encore, mais il serait là.

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Inès était déjà là quand il arriva. Même serviette, même carnet. Un nouveau maillot, noir aussi, qui épousait ses formes sans chercher à les retenir.

Elle portait des lunettes de soleil à verres sombres, opaques. Comme si elle avait décidé d’observer sans être vue.

— Tu es à l’heure, dit-elle sans lever les yeux.

Hugo s’installa à ses côtés, un peu en retrait. Il gardait un espace de respect, ou de prudence. Dans son sac en toile, le raisin. Frais.

Elle tourna la tête vers lui et prit le sachet, l’ouvrit, examina.

— Pas mal. Alors, je n’ai qu’à demander ?
— Et je ferai avec plaisir.

Elle leva un sourcil, amusée, et détacha un grain pour le porter à sa bouche. Puis un second, ...

... qu’elle lui tendit.

— Tu préfères te servir, ou que je te le donne ?

Il hésita.

— Je pense connaître la réponse, ajouta-t-elle en le glissant du bout des doigts entre ses lèvres.

Le silence s’installa, ponctué par les vagues, les voix en sourdine, le clapot du vent sur les serviettes. Le monde reculait doucement.

— Tu sais, dit-elle, hier soir, j’ai réfléchi à ce que tu m’as dit.
— Quoi ?
— Que tu es comme ça quand tu es bien.
— Et ? demanda-t-il.

Elle décrocha un autre grain et le mâcha lentement.

— J’ai toujours pensé que c’était malsain. Les rôles figés, le déséquilibre, tout ça.

Il se tut. Elle poursuivit.

— Mais quand j’ai répondu que ce n’était pas mon truc, tu n’as pas tenté de m’expliquer ni de me convaincre. Tu m’as regardée, comme si ça suffisait. J’ai trouvé ça plutôt flatteur. Et agréable. Reposant.
— J’ai juste envie d’être là. C’est tout.

Elle détourna les yeux.

— Tu es bizarre, Hugo. Mais dans le bon sens. Tu ne m’as pas encore ennuyée, et c’est rare.

L’instant se figea.

— Tu mérites peut-être une expérimentation.

Les mains de Hugo s’étaient tendues.

— Ne t’emballe pas. Je suis juste curieuse.

Et elle replia sa serviette, s’étira longuement, un bras après l’autre.

— Je vais nager. Tu restes là.

Elle se leva, s’éloigna sans se retourner. Il la suivit du regard. Son corps entrait dans l’eau comme dans un élément naturel, sans rupture. Une glisse, une coulée. Le raisin dans sa bouche avait laissé un goût ...