1. La Faille Blanche


    Datte: 28/11/2025, Catégories: #revebebe, #psychologie, #philosophie, #société, #érotisme, #sciencefiction, #dystopie, #initiatique, #romantisme, #volupté, #personnages, Auteur: L'artiste, Source: Revebebe

    ... capture.
    
    Pour chaque terme, il cherchait une image mentale. Ce qui était facile avec Maryse – ses phrases laissaient des silhouettes claires – et plus ardu avec Radagast, qui ne résistait pas à la tentation d’insérer une blague. Parfois, il fermait les yeux et tenait de s’imprégner de la métaphore, jusqu’à sentir un frisson parcourir sa nuque. Les alertes biologiques clignotaient, mais ressemblaient désormais plus à des encouragements qu’à des avertissements.
    
    Un soir, Sae revint. Elle apportait un petit dispositif portable de musée : un « clavier physique ». Les touches usées brillaient comme des cailloux polis.
    
    — On ne tape pas un mot sensible sur une interface cornéenne, expliqua-t-elle. Trop surveillé. Avec ça, c’est purement mécanique. Ça fait du bruit, en plus. Tu verras, c’est… sensuel.
    
    Le terme l’amusa, presque malgré elle. Elle posa l’objet sur la table et sortit un fichier compressé de sa manche – pas au figuré, sa combinaison avait littéralement des compartiments dissimulés.
    
    — C’est quoi ?
    — Des textes qui ne sont pas dans ta copie. J’ai fouillé dans les caches. Des morceaux qui ont été retirés… officiellement pour « incohérences stylistiques ».
    
    L’écran s’illumina. Myhrisse, mais sans les paragraphes explicatifs sur la sécurité : ici, les cordes n’étaient plus seulement un rituel, elles laissaient des marques, des phrases tatouées à même la peau. Mélina, encore plus délirante : une scène où une table de massage se mettait à parler pour ...
    ... encourager les protagonistes à « arrêter de discuter et commencer à respirer ». Radagast, cru et tendre à la fois, décrivant une séance de triolisme comme « une partie d’échecs où les pièces refusent de rester à leur place, et où le voisin commente le jeu par-dessus la haie »
    
    Néris sentit ses doigts picoter sur le clavier. Il écrivit des notes pour se souvenir. Ses phrases à lui étaient sèches, fonctionnelles… mais elles se rempliraient. Sae observa. Elle ne lut pas par-dessus son épaule, mais elle savait. Lui aussi savait qu’elle savait. C’était un pacte silencieux.
    
    — Tu veux essayer ? proposa-t-elle en désignant l’un des textes.
    — Essayer quoi ?
    — Reproduire. Réinterpréter. On appelle ça « pratique appliquée ».
    
    Il détourna les yeux. Ses inhibiteurs clignotaient, mais la sagesse avait déjà perdu du terrain.
    
    — Pas encore, dit-il. Mais… bientôt.
    
    Elle hocha la tête, amusée.
    
    — Fais vite. Les mises à jour de sécurité, ça ne prévient pas. Un matin, tu te réveilles, et tu ne sais même plus ce qui t’émouvait.
    
    Elle referma le module et repartit. Il resta seul. Devant lui, le clavier, lourd et patient, l’attendait. Derrière les murs, les ventilations changèrent imperceptiblement de rythme, comme si la pièce, elle aussi, retenait son souffle.
    
    *
    
    Ce soir-là, il lut un texte de Majaas. Domination féminine, appuyée, mais écrite avec une lenteur calculée. Les gestes sont précis, la mise en scène méthodique. La narratrice décrivait la manière dont le regard seul pouvait ...
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