1. La Faille Blanche


    Datte: 28/11/2025, Catégories: #revebebe, #psychologie, #philosophie, #société, #érotisme, #sciencefiction, #dystopie, #initiatique, #romantisme, #volupté, #personnages, Auteur: L'artiste, Source: Revebebe

    ... de titrer leurs chaos. Parmi les arbres épileptiques, un nom surnagea, presque naïf :« revebebe.free.fr ».
    
    — Encore un réseau social, soupira Sae. Ou un de ces agglutinats de photos d’animaux de compagnie.
    
    Néris lança une cartographie. Les pointeurs racontaient une organisation sommaire : bases de données légères, fichiers plats et, surtout, un site compressé depuis le début du millénaire.
    
    Le protocole exigeait l’extraction méthodique, l’inventaire, puis le transfert vers une salle blanche où les archives seraient ouvertes sans risquer de contaminer le reste du réseau. Sur les copies en transit, Néris réalisa un premier regard statistique : occurrences de mots, fréquences lexicales, polices de caractères. L’algorithme suggéra : contenu littéraire, narratif, adulte probable.
    
    — Tu sais ce que ça veut dire, demanda Sae.
    — Oui… il va falloir flouter par défaut.
    — Ça veut surtout dire que le comité d’éthique ne lira rien, mais supprimera tout.
    
    Elle s’éloigna vers une autre baie. Néris resta seul avec le boîtier et la curiosité qu’on avait appris à appeler par des euphémismes. Les murs lisses renvoyaient son reflet sans imperfection. Les flux d’air passaient au filtre trois fois par minute, parfumés d’un rien qui effaçait toute trace humaine. Même le bruit de ses pas semblait calibré, réduit à une fréquence jugée « apaisante » par le Ministère.
    
    Le monde dehors poursuivait son hygiène. Il consulta ses inhibiteurs, tout était dans le vert. Il activa l’aperçu ...
    ... texte, mode « périphérie », celui qui n’affiche que les premiers mots des paragraphes, amputés de leurs contextes.
    
    Des accroches organiques qui ne servaient à rien dans sa vie.
    
    Il respira comme si l’air venait d’être inventé, puis bascula en salle blanche. Une pièce aux murs hermétique au sein de laquelle on pouvait « travailler avec rigueur ». On y avait même ajouté une musique de fond, fréquences apaisantes.
    
    La première page s’ouvrit. Aucune image. Du texte qui n’avait pas honte de commencer par une sensation. Néris ne lut pas longtemps, mais ce fut suffisant pour qu’un petit tremblement remonte, un inconfort, une contraction de muscles qui n’avaient d’ordinaire que des usages utilitaires. Il sauvegarda et éteignit.
    
    Sur le chemin du retour, la ville était restée docte et brillante. Un panneau affichait des gestes de bien-être : s’étirer à heure fixe, boire des eaux optimisées, pratiquer le contact social non tactile. Les silhouettes se croisaient à distance gracieuse. Il se surprit à regarder une nuque pour contempler le grain de la peau, cette topographie microscopique qu’aucun protocole n’avait standardisée.
    
    L’appartement de Néris était un cube sage, bien ventilé, avec des angles qui ne piquaient pas, des surfaces qui ne retenaient pas la moindre anecdote. Il posa le module dans un coffre, le relia à son système sécurisé et attendit que les scellés virtuels claquent. Puis il remit en route la salle blanche et appela le site par son nom : Revebebe. L’index ...
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