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La Faille Blanche
Datte: 28/11/2025, Catégories: #revebebe, #psychologie, #philosophie, #société, #érotisme, #sciencefiction, #dystopie, #initiatique, #romantisme, #volupté, #personnages, Auteur: L'artiste, Source: Revebebe
... la mâchoire, prêt à se débattre, mais déjà le liquide remontait dans ses veines. Il crut qu’elles se vidaient plus qu’elles ne se remplissaient. Le monde vacilla. Un clignotement rouge passa dans sa vision périphérique. Script en cours. Fragmentation activée. Alors seulement, il relâcha son souffle. Vale observa les relevés, satisfaite : — Tout rentre dans l’ordre. Ce calme avait un goût amer : celui d’un orage qui s’éloigne en laissant derrière lui un air saturé de promesses. Il sortit du Centre avec l’impression d’avoir perdu quelque chose, mais d’en avoir déclenché mille autres. Le script était dehors, tapi dans les flux bien-être. Restait à voir si le corps des gens saurait encore écouter. À l’extérieur, Sae l’attendait sur une passerelle. — C’est fait ? — Oui. Et pas seulement l’injection. Elle hocha la tête, un sourire au coin des lèvres. — Alors, Calvor… on verra combien de temps il leur faudra pour comprendre. Au loin, des écrans publics diffusaient un programme de relaxation. Les spectateurs, paisibles, respiraient en rythme. Aucun ne remarqua qu’entre deux inspirations, une phrase s’était glissée : « La chaleur tenait aux draps. » * Les premiers jours, rien. Le Ministère ne voyait que des courbes hormonales sages. Les sensations de Néris avaient perdu leur élan, comme si chaque frisson devait demander un visa avant d’exister. Mais la mémoire du corps… elle, chuchotait au creux de ses gestes. Puis, les premiers signes apparurent. ...
... Minuscules. Dans le tram aérien, deux inconnus qui, en se croisant, laissaient leurs mains se frôler une seconde de trop. Sur un écran public, un animateur de programme « Bien-être au travail » marquait un silence étrange après avoir prononcé le mot caresse. Dans une salle de méditation, une femme fermait les yeux, non pour « visualiser un flux d’énergie positive », mais pour savourer la proximité d’un souffle. Sae observait tout avec l’air d’une biologiste regardant une espèce disparue revenir coloniser ses terres. — C’est lent, dit-elle. Mais ça prend. Chaque soir, ils se retrouvaient, moins pour jouer que pour entretenir le lien. Les capteurs détectaient leurs rencontres, mais ne voyaient qu’un « échange social sans contact physique ». La machine ne savait pas mesurer la densité d’une caresse. Un jour, dans la salle blanche, Sae lui tendit un nouveau fragment. Une page entière de Maryse, sur le retour d’un amant absent. Les phrases coulaient, pleines d’attente, de retenue, de gestes qui se préparent longtemps avant de se poser. — Lis-la à voix haute, dit-elle. Pour toi. Pour nous. Pour… eux. Sa voix, encore un peu cassée par le filtre hormonal, trouva pourtant un rythme, un grain. Il imagina chaque mot s’échapper, rejoindre quelque oreille imprévue quelque part dans la ville. Dehors, les écrans continuaient à diffuser leurs images anodines, mais, derrière certains pixels se cachaient des clés. Des phrases comme : * Un an plus tard. La veille de ...