1. La Faille Blanche


    Datte: 28/11/2025, Catégories: #revebebe, #psychologie, #philosophie, #société, #érotisme, #sciencefiction, #dystopie, #initiatique, #romantisme, #volupté, #personnages, Auteur: L'artiste, Source: Revebebe

    ... siennes, son bassin trouva un rythme. La bouche effleura d’abord son oreille, puis sa mâchoire, avant de s’attarder sur ses lèvres. Les alertes s’affolèrent, crépitèrent comme un feu de bois. Néris glissa ses doigts sous le tissu, rencontra la chaleur nue, sentit la peau vibrer sous ses paumes. Chaque geste fut une citation vivante, chaque souffle un hommage. La salle blanche devint un abri où rien ne fut prévu, mais tout nécessaire. Quand enfin elle se cambra contre lui, extatique, il explosa aussi et son interface cessa de clignoter, incapable de mesurer ce qui s’échangeait.
    
    Si le Ministère pensait pouvoir effacer ça, il ne connaissait pas la mémoire des corps.
    
    À 08 h 59, Néris était assis dans la salle d’attente du Centre de Régulation. Tout était conçu pour détendre : murs blancs aux angles arrondis, parfum neutre, musique douce qui ne ressemblait à rien. D’autres personnes patientaient, immobiles, les mains sur les genoux. Des statues polies.
    
    Un drone médical s’approcha, voix monocorde :
    
    — Néris Calvor, porte 3.
    
    Sae n’était pas là. Du moins, pas physiquement. Dans sa paume, la prothèse de communication vibra une fois – le signal convenu. Tout était en place.
    
    La salle trois avait des airs de cabinet dentaire : fauteuil ergonomique, projecteurs diffus, bras articulés prêts à injecter, scanner en suspension au-dessus de la tête. Inspectrice Vale entra, le même sourire calibré qu’au premier entretien.
    
    — M. Calvor… Cela ne durera que quelques minutes. ...
    ... Vous ne ressentirez rien, sinon un soulagement.
    
    « Rien » signifiait : plus de frissons, plus de chaleur, plus de picotement dans la nuque. Juste le confort standard, celui qui efface le relief.
    
    Néris s’installa, docile. Pendant que Vale vérifiait les réglages, il activa discrètement le module noir, branché à la prothèse sous sa manche. Le protocole était simple : déclencher le script conçu par Sae. Nom de code : RéveilBebe. Une fois lancé, le contenu de l’archive devait se fragmenter en séquences inoffensives, puis se disséminer dans tous les flux « bien-être » du réseau public. Un paragraphe de Myhrisse caché dans un guide de respiration. Une image de Majaas dissimulée dans un programme de yoga. Une phrase de Radagast au milieu d’un tutoriel de cuisine. Les gens ne sauraient pas tout de suite ce qu’ils lisaient… mais leurs corps, eux, sentiraient.
    
    Vale approcha l’injecteur. Le bras articulé s’abaissa. Dans la paume de Néris, le module vibrait. Un battement minuscule, presque un spasme. Et si Sae n’avait jamais lancé le script ? Et si le code s’était effacé dans les filtres ? Et si, au contraire, elle l’avait livré pour sauver sa peau ?
    
    — Vous êtes prêt ?
    — Je n’aime pas les piqûres.
    
    Le doute, brutal, s’insinua : il suffirait d’une micro-dose pour que tout ce qu’il avait lu, tout ce qu’il avait senti, s’évapore en une torpeur définitive. Un siècle d’archives réduit à un mauvais rêve.
    
    La pointe effleura son bras – un froid – puis l’aiguille se planta. Il serra ...