1. Le parfum du désir


    Datte: 25/11/2025, Catégories: Collègues / Travail Auteur: Landeline-Rose Redinger, Source: Revebebe

    ... désir.
    
    Hors de cette séance expérimentale, seule attablée et dans de semblables conditions, j’aurais joint les toilettes en sous-sol où ma main aurait œuvré sous ma dentelle, sans relâche. J’aurais appelé de mes vœux que quelques mâles observateurs bravent les codes de la bienséance, poussent la porte au sigle pour glisser sans manière – ou plus justement de manière brutale – leur sexe dans ma bouche ou dans… mais voyons, voyons, je m’emporte, je digresse.
    
    Calme-toi, Landeline, je t’en prie, m’intimé-je, intimement.
    
    Et je relègue la salacité, la vertueuse salacité au rang des codes non usités aujourd’hui. Portant à ma bouche un whisky, je fais aller mon index délicatement sur la trace rouge de mes lèvres qui laisse au verre mon empreinte. Sur l’écran et en tout sens fusent les éclairs rougeoyants des désirs entrecroisés et enchevêtrés. Pour confirmer la bonne réactivité de sa machine, Colin Durand m’ordonne d’abaisser sensiblement la fermeture à glissière de ma robe et de faire un signe visible au serveur. Affichant un sourire professionnel, le garçon prend ma commande et s’en va.
    
    — Quel con ! fait Colin Durand, dans l’espoir que le garçon ferait s’enflammer l’écran. Mais quel con, il doit être homo !
    — Alors, munissez-vous d’un récepteur, Colin, lui fais-je.
    — Ah ! très drôle, dit-il sans quitter l’écran de sa machine infernale.
    
    Je pense alors que Colin Durand n’a pas pris en compte l’intensité du désir qui était le mien lorsqu’il m’ordonna d’ouvrir plus ...
    ... amplement l’échancrure de ma robe.
    
    Il réitère en me demandant un croisement ample de mes cuisses à l’arrivée du garçon et de ma boisson forte. Jouant de zèle, je m’exécute en inclinant mon corps dans le même temps, afin que l’on voie dans le relâchement du tissu de ma robe le bombé que fait ma poitrine. Colin Durand roule des yeux comme des boules de billard, visant à la fois son écran et le regard oblique du garçon de café vers ma poitrine. Je crois voir mon jeune chercheur partir en torche de feu avec sa machine infernale.
    
    — Deus ex machina, lui dis-je.
    — Non, Satan ex-machina !
    
    Vous le savez, vous qui sans doute m’avez pratiquée, que l’on me soumette et je m’affole, que l’on me courbe je m’ouvre, que l’on m’oblige et je consens, que l’on m’avilisse et je m’agenouille. Ce jeu-là lance mon plaisir à l’orée de la jouissance. Je pense alors que la réverbération ondulatoire de la somme de mon plaisir va en quelque sorte s’accoupler dans l’espace du Grand Café avec la multiplicité du désir des hommes attablés.
    
    J’en suis là de mon égarement lorsque Colin Durand me donne les prérogatives suivantes et finales de son expérience.
    
    Donc, enfilant mon blouson, petit sac à l’épaule, je quitte le Grand Café, non sans un déhanchement sensiblement amplifié et me retrouve dans la rue.
    
    D’un pas moyen, je reprends le chemin, suivie par quelques hommes éparpillés et plus lointainement par Colin Durand et son ordinateur ouvert devant lui.
    
    Aucun des hommes ne m’aborde, ils ...
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